Interview Erick Pipault
Créer des conditions propices à l’innovation et favoriser l’émulation entre porteurs de projets impliqués dans la Smart City genevoise, tel est le pari de Citiz’n, l’espace de coworking lancé par Naxoo en juin dernier. Rencontre avec Érick Pipault, directeur général de Naxoo.
– Quelle place souhaite prendre Naxoo dans la Smart City de Genève ?
Érick Pipault – Face aux enjeux environnementaux, sociaux et économiques, la Smart City s’appuie sur des technologies de l’information et de la communication afin d’optimiser la consommation des ressources, minimiser son impact écologique et améliorer la qualité de vie et des services aux citoyens. En tant que propriétaire et opérateur du réseau de la Ville de Genève, Naxoo se situe au coeur de cette formidable dynamique et il est de notre devoir de nous inscrire dans l’avènement de la Genève de demain. À ce titre, depuis juin dernier, nous avons mis en place deux projets majeurs : un espace de coworking baptisé Citiz’n, et Sherpa, un réseau dédié à l’Internet des objets (IoT).
– La multiplication des espaces de coworking, notamment à Genève, est un exemple frappant des changements dans notre façon de travailler. En quoi Citiz’n se démarque-t-il des autres espaces existants ?
– C’est vrai qu’il existe déjà de nombreux espaces de coworking à Genève, mais Citiz’n s’adresse en priorité à des entrepreneurs souhaitant s’implanter à Genève pour leurs projets Smart City. Nous mettons à leur disposition des espaces de travail accessibles et tout le matériel nécessaire (scanner, imprimante, wi-fi… ). Et pour libérer les entrepreneurs des contingences logistiques de bail, de dépôt de garantie, d’engagement à long terme, Citiz’n Coworking propose une inscription simplifiée, pour un mois ou plus, avec possibilité de résilier à tout moment. Des événements à caractère convivial ou informatif sont encore initiés sous la forme de meetup ou de conférences. Cet aspect est très important car il permet de développer les rencontres entre coworkers. C’est de ces interactions et de cette émulation entre les individus et les réseaux que naissent des projets et des équipes qui n’auraient peut-être pas vu le jour sans cette dynamique collective.
– Les enjeux environnementaux ont une place importante dans la mise sur pied de la Smart City. Comment intégrez-vous ces critères ?
– En parallèle de Citiz’n Coworking, nous avons développé Sherpa, un réseau déployé en ville de Genève dédié à l’Internet des objets. Ce service permet aux collectivités, institutions et acteurs privés de déployer des réseaux objets connectés, principalement des capteurs, pour collecter leurs données en vue de leur traitement informatique. S’appuyant sur les performances du réseau Naxoo, l’infrastructure Sherpa permettra d’optimiser l’exploitation et la maintenance de systèmes dans des domaines aussi variés que l’agriculture, la domotique, la sécurité, l’énergie, les transports… Nous avons déjà équipé de capteurs nos propres locaux pour monitorer un certain nombre de paramètres comme la température par zone/étape, la teneur en CO2… afin de tirer des enseignements sur les conditions de travail ou la consommation énergétique de nos propres appareils et les piloter à distance afin de consommer moins et mieux.
– Et demain ?
– À l’avenir, nous déclinerons nos actions sur différents domaines de la Smart City : prioritairement avec les régies et les propriétaires d’immeubles, nous allons démarrer des tests de Smart Buildings, visant à offrir plus de services tout en consommant moins d’énergie. D’entente avec les gérances ou des propriétaires, des capteurs seront posés sur leurs immeubles pour recueillir des données relatives aux dépenses énergétiques (diminution des frais de chauffage), à l’ensoleillement (contrôle de chaleur en été), à la météo (arrosage)… Ces exemples permettront de démythifier le sujet et d’illustrer de manière concrète ce que représente la Smart City à l’échelle d’un immeuble, et pourquoi pas d’une ville.