Interview de Docteur Alain Franco
– Quel espoir représentent à vos yeux les « Smart Cities » ?
Dr Alain Franco – On peut en attendre de grands progrès en inclusion sociale ; si chacun est doté, à la maison comme ailleurs, de nouvelles technologies d’information et de communication, on obtient un dialogue global, représentant aussi un marché énorme. Et à mon sens, c’est là que se trouve l’enjeu crucial : l’interconnexion doit se fonder sur les usages et besoins des êtres humains, pas sur l’offre des industriels et des exploitants de réseaux ! Aujourd’hui, mais aussi demain, c’est autour de l’humain que doit se construire cette « Smart City », qui pourrait aussi devenir un « Smart World ». Il y a de quoi stimuler l’économie, réduire la fracture sociale, rééquilibrer l’économie mondiale, mais il faut que les innovateurs – ceux qui mettent en pratique les nouveautés – prennent le dessus sur les chercheurs, qui élaborent des produits que les industriels chercheront ensuite à proposer aux consommateurs. Attention, l’échelle est glissante : coller aux besoins des gens est difficile car ces besoins évoluent, et les usages changent vite.
– Sont-ce les jeunes qui décident pour tout le monde ? Cela serait ennuyeux pour nos nombreux centenaires de demain…
– Pas du tout ! La barrière numérique est tombée. Aujourd’hui, un quart de la population a plus de 60 ans en France, et ce sont eux qui utilisent le plus les nouvelles technologies : ils ont les moyens et le temps, l’expérience aussi. Ils communiquent par Skype, achètent leurs livres en ligne, se soignent avec des applications mobiles qui mesurent leur pouls. Pour ma part, à 72 ans, je viens de créer un « living lab » avec une quinzaine d’autres médecins retraités. Nous formons une « task force » qui teste, à domicile, des logiciels de santé. L’ONU s’y intéresse : nous ne sommes pas seulement des « vieux », mais aussi des experts de santé, et des clients potentiels !
L’interconnexion doit se fonder sur l’humain.