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Interview d’Antonio Hodgers

Construire à Genève me paraît être la meilleure réponse en termes de développement durable !

Antonio Hodgers, onseiller d’Etat chargé du Département de l’aménagement, du logement et de l’énergie (DALE) de Genève

Quelles sont les principales menaces pesant sur l’environnement de votre canton ?

Le risque est aigu à Genève que les ressources naturelles (sol, sous-sol, air, biodiversité, paysage, eau) soient surexploitées, particulièrement en raison du dynamisme du canton et de l’exiguïté de son territoire. Je souhaite souligner à cet égard que la durabilité des ressources naturelles est une condition nécessaire pour garantir la prospérité économique et le bien-être social. Nous devons les considérer ensemble. C’est l’apport essentiel et réellement nouveau de l’idée du développement durable. Je m’applique à l’observer systématiquement dans mes prises de décision.

Quelles initiatives les autorités en général, et vous en particulier, avez-vous prises ou comptez-vous prendre dans l’optique du développement durable ?

Par exemple, le principe du développement durable sous-tend et traverse notre nouveau Plan directeur cantonal. A la tête du Département de l’aménagement, du logement et de l’énergie, j’entends en particulier mettre à disposition les logements dont Genève manque tellement sur son territoire : cela permettra à la fois de répondre à un besoin social évident, de fournir une condition-cadre économique essentielle et de réduire drastiquement les impacts sur les ressources naturelles induits par l’urbanisation exportée et dispersée autour de Genève. Bref, construire à Genève me paraît être la meilleure réponse en termes de développement durable !

Pensez-vous que la conjoncture morose soit un frein à l’adoption de normes et de comportements plus respectueux de l’environnement ?

Il est vrai qu’en temps de crise économique, la population et les autorités sont moins portées sur les questions environnementales. A mon sens, c’est une erreur ; un développement basé sur la durabilité des ressources est justement le meilleur moyen d’éviter les crises économiques futures. Mais pour cela, il faut oser porter son regard sur le long terme et surmonter la peur du lendemain.

Le message de l’économie d’énergie et de la protection de l’environnement est-il bien accepté et bien compris par la population ?

Oui, il l’est de mieux en mieux. Il est d’ailleurs devenu rare de nos jours d’entendre quelqu’un dire qu’il ne se préoccupe pas de l’environnement. Néanmoins, les pratiques réelles sont malheureusement parfois en net décalage avec les paroles. A cet égard, l’éducation joue un rôle majeur, comme le montrent les progrès réalisés en matière de tri et de recyclage des déchets. En tant qu’autorités, nous devons cependant aussi, afin de faire évoluer les comportements, agir par les moyens légaux quand cela est nécessaire. Enfin, l’économie a un grand rôle à jouer et beaucoup d’entreprises l’ont compris en prenant des mesures exemplaires, comme le projet GeniLac*.

L’« économie verte » est-elle rentable, porteuse en termes d’emplois ? La formation adéquate est-elle disponible ?

Toutes les études attestent du potentiel des emplois verts pour l’économie de demain. Avec leur tissu extraordinaire constitué de leurs hautes écoles et de leurs PME, Genève et la Suisse doivent être à la pointe dans ce domaine. D’ailleurs, l’offre de formation dans le domaine de la protection de l’environnement et du développement durable s’est beau-coup étoffée ces dernières années à Genève. Il reste néanmoins des secteurs spécifiques où des efforts restent à faire, voire où l’offre s’est momentanément restreinte, je pense par exemple à la mobilité.

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