Le plastique, c’est fantastique ?
L’immense famille des polymères compte plus d’une centaine de membres et suscite les polémiques. Si on les aime parce qu’ils savent (presque) tout faire, on s’en méfie car ils envahissent sols et océans. Le point sur sept idées reçues.
Heureusement pour nous, les déchets plastique n’envahissent que les mers et les océans. Les eaux de nos lacs et de nos rivières sont épargnées.
FAUX Une étude de l’ASL publiée à fin 2018 a démontré que 50 tonnes de plastique atterrissent chaque année dans le Léman, sous différentes formes : bouteilles, sachets, particules, etc. Un cinquième de cette masse est due au littering. Éviter de jeter ses déchets n’importe où suffirait donc à résoudre cette partie du problème. Plus inquiétantes, les 30 tonnes de poussières de pneus : « Sous forme de nanoparticules, donc invisibles à l’œil nu, elles proviennent des eaux de ruissellement des routes », précise Suzanne Mader-Feigenwinter, secrétaire générale de l’Association pour la Sauvegarde du Léman (ASL).
Un sac en plastique compostable finit par retourner à la terre, comme un trognon de pomme.
FAUX Même dans des conditions idéales, « il va généralement se fragmenter et ne plus être perceptible visuellement, ce qui ne signifie pas pour autant qu’il a disparu », souligne Florian Breider, responsable d’unité au Swiss Federal Institute of Technology à l’EPFL. Il existe deux types de sacs en plastique « biodégradables » : les « oxo », qui contiennent un additif favorisant leur dégradation sous l’action des UV, mais qui restent dans l’environnement sous forme de microplastiques. Et les compostables, reconnaissables à leur quadrillage, un standard développé entre autres par l’OFEV. Ceux-ci se dégradent, mais pas dans un compost familial, car il n’atteint pas la température suffisante.
Renoncer aux gobelets à usage unique (en plastique !) permet-trait de résoudre une partie du problème.
VRAI 2,8 millions de gobelets (!) sont utilisés chaque jour en Suisse, d’après une étude de 2017. Des campagnes d’information réalisées dans les grandes entreprises incitent le personnel à se munir de tasses lavables ; des chaînes de boissons à l’emporter proposent des rabais à leur clientèle qui apporte son propre contenant. Et de plus en plus de festivals ont mis en place un système de consignes. Genève a pour sa part banni le plastique à usage unique à partir du 1er janvier 2020. Sont concernés les terrasses d’établissements publics, les food trucks, les pavillons glaciers ou de souvenirs, ainsi que toutes les manifestations, tous les stands et événements ayant lieu sur le domaine public.
Facturer les sacs plastique à la clientèle des grands magasins est inutile.
FAUX En octobre 2016, la Swiss Retail Federation et la CI Commerce de détail ont conclu un « accord de branche visant à réduire la consommation de sacs plastique jetables ». Tous les grands distributeurs ont cessé de les fournir gratuitement et, dès 2018 déjà, leur consommation avait chuté de 86% par rapport à 2016. Les politiques se sont aussi emparés de la question — Genève en a interdit la distribution gratuite — tout comme les consommateurs, de plus en plus nombreux à s’équiper de sacs réutilisables pour faire leurs courses !
Emballer des fruits ou des légumes dans des films plastique ne sert à rien.
VRAI ET FAUX « Des études ont montré qu’ils augmentaient la durée de vie de certains produits frais », souligne Florian Breider. Ils ont donc leur utilité… dans certains cas. Les grandes surfaces continuent de les proposer pour des raisons d’hygiène au rayon libre-service des fruits et légumes, par exemple — gratuitement ou non. Pour leur éviter d’échouer dans la nature, aux consommateurs de les réutiliser puis de les éliminer correctement.
Si on le récupère, le plastique se recycle.
VRAI ET FAUX Tout dépend de quel plastique on parle ! Il en existe une centaine de familles, souvent disparates : « Une bouteille de shampooing et un tuyau de canalisation peuvent tous les deux être en polyéthylène, mais ils sont très différents et ne peuvent être recyclés ensemble », résume Etienne de Beauval, directeur industriel de Sogetri, spécialiste du tri et du recyclage. Or pour être viable, une filière de recyclage doit produire suffisamment de matière première de bonne qualité. C’est notamment le cas du PET, dont on fait des bouteilles ou des fibres à partir desquelles on fabrique des vêtements en laine polaire.
Il est inutile de faire la guerre au plastique en Suisse, car nous le valorisons en le brûlant pour produire de l’énergie.
VRAI ET FAUX Jusqu’à la fin des année 1950, on mettait les déchets en décharge, puis les usines d’incinération ont vu le jour. Le plastique brûle bien et alimente aujourd’hui les usines de traitement et de valorisation des déchets (UTVD), qui produisent du courant électrique ou de la chaleur distribuée sur le réseau. On l’utilise aussi pour faire tourner les cimenteries qui, auparavant, recouraient au charbon, nettement plus polluant.
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