En France, le plan numérique pour l’éducation fait débat

En France, tous les enseignants ne se sont pas encore mis à utiliser les logiciels dans le cadre de leur enseignement. Le numérique à l’école est en phase d’expérimentation. Le Ministère de l’Éducation nationale a mis en place des formations dédiées aux enseignants pour leur apprendre à se servir des outils numériques. Ainsi, depuis septembre 2016, la plateforme en ligne Myriaé permet aux enseignants d’avoir accès à toutes les ressources pédagogiques numériques, gratuites ou payantes, produites par les éditeurs privés ou publics. Il s’agit surtout, pour le moment, de familiariser la vieille école de la République, si sacrée, à l’ère du numérique pour se diriger vers une autre façon de penser l’éducation. On peut donc dire que la France est en phase d’expérimentation, ce dont témoigne d’ailleurs la mise en place des « e-FRAN » (« espaces de formation, de recherche et d’animation numériques »), une initiative dotée de 30 millions d’euros pour développer de nouveaux usages numériques, en partenariat avec des équipes de recherche, des collectivités territoriales et des entreprises. En 2016 en France, on comptait 200 000 élèves équipés de tablettes, d’ordinateurs ou de PC hybrides dans 1700 établissements.

Vers la réalité virtuelle pédagogique

Le passage à l’école numérique permet aussi de préserver le principe républicain de l’école pour tous, visant à gommer les inégalités sociales et culturelles. L’idée est bien de révolutionner l’école tout en gardant l’esprit de Jules Ferry. Cependant, les détracteurs sont nombreux, dénonçant le coût du plan numérique et son efficacité douteuse quant à sa fonction pédagogique. L’étude européenne PISA de 2015 sur les élèves et les nouvelles technologies soulignait qu’aucun lien ne pouvait être établi entre les bons résultats scolaires et l’accès à l’outil numérique. De même, Karine Mauvilly et Philippe Bihouix, auteurs du livre Le désastre de l’école numérique, pointent les aspects négatifs, arguant du fait que les tablettes seraient dangereuses pour le développement et la santé des jeunes mais aussi néfastes pour l’environnement.

Cependant, est-on vraiment assez avancé dans l’expérimentation de l’école numérique pour pouvoir en tirer des conclusions ? Peut-on reprocher à l’État français de vouloir donner un outil informatique performant à tous les élèves alors qu’il y a quelques années beaucoup se plaignaient que les écoles ne soient dotées que d’une seule salle de classe avec ordinateurs ? N’est-ce pas un faux procès ? On devrait plutôt tenter de voir les aspects positifs qui pourraient ressortir du numérique. La solution, beaucoup moins onéreuse, sur laquelle devrait peut-être se pencher la France, est celle inventée par deux ingénieurs français, Damien Henry et David Coz, créateurs du Cardboard de Google, petit masque en carton ultraléger, qui permet à l’aide d’un simple smartphone d’avoir accès à du contenu en immersion à 360° grâce à l’application Google Expeditions. Le professeur et ses élèves peuvent synchroniser cette application pour revivre une période de l’histoire ou visiter un musée par exemple. De quoi faire réfléchir et rêver à un nouveau mode d’éducation.

Des millions de tablettes intelligentes pour 2018 dans les écoles françaises. C’est ainsi qu’est présenté le plan numérique pour l’éducation lancé par François Hollande en mai 2015, estimé à un milliard d’euros.

Je connais des familles défavorisées qui ne possèdent pas d’ordinateur.

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