Economiser l’énergie, ça s’apprend !
– Cela fait trois ans maintenant que vous avez lancé le CAS en
management de l’énergie à l’Université de Genève, quelles sont les retombées ?
Catherine Cooremans – Les participants ont amélioré leurs compétences existantes ou en ont acquis de nouvelles, par exemple pour ce qui concerne la méthodologie de mise en place d’un système de management de l’énergie, avec une prise en compte des facteurs non seulement techniques mais aussi humains et organisationnels. Ces compétences renforcées se sont traduites pour de nombreux participants par des évolutions de carrière positives. Les entreprises bénéficient de collaborateurs aux compétences renforcées, mieux à même d’assurer le succès de leurs projets. La première conséquence en est une amélioration de leur performance énergétique et une réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. D’autre part, plusieurs bureaux d’ingénieurs ont développé de nouvelles prestations pour leurs clients à la suite de la formation (conception et mise en place de systèmes de management de l’énergie). Deux personnes ontcréé leur propre entreprise à l’issue de celle-ci.
Comment se positionne cette formation par rapport à d’autres, et qu’est-ce
qui pourraient inciter des candidats à s’inscrire ?
– Dans le domaine de l’énergie, notre formation est unique. En nous fondant sur une base théorique élaborée, nous enseignons des outils concrets, directement applicables, qui servent non seulement à mettre en oeuvre un management de l’énergie solide dans de grandes organisations, mais aussi à « vendre » et gérer des projets, quels qu’ils soient. Nous sommes aussi, à ma connaissance, les seuls à enseigner les moyens de prendre en compte de façon structurée les Bénéfices Non Energétiques de l’efficacité énergétique, un domaine qui a été récemment mis en lumière par un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (en septembre 2014, « Multiple Benefits of Energy Efficiency »), et qui est très prometteur pour augmenter l’attractivité des projets pour les entreprises. Dans l’ensemble, les autres formations existantes en Suisse sont plus axées sur les aspects techniques de l’énergie. Ces formations sont complémentaires à la nôtre, et nous envisageons de créer un réseau d’enseignements sur ces sujets avec d’autres institutions de Suisse romande.
Nous sommes aussi les seuls à enseigner les moyens de prendre en compte les Bénéfices Non Energétiques de l’efficacité énergétique.
– Qu’est-ce qui vous donne le plus de satisfaction ?
– Dans cette aventure passionnante, je relèverais deux aspects prioritaires : tout d’abord le fait de voir, en un peu moins d’une année (les cours commencent fin janvier et la remise des diplômes a lieu en décembre), les participants s’ouvrir et devenir manifestement plus solides professionnellement et plus à l’aise dans leurs échanges et dans leur communication. Des personnes en recherche d’emploi qui se redressent et retrouvent de l’assurance. Ensuite, les échanges avec les participants, qui me permettent d’apprendre et de me poser de nouvelles questions ; qui m’incitent à trouver des façons plus claires de présenter certaines idées ou concepts.
– Vous venez d’accepter de participer à un projet d’envergure, « Task 26 Multiple Benefits of Energy Efficiency ». Pouvez-vous nous en dire plus et aussi quelles seront les interactions possibles avec le Cas en management de l’énergie ?
– L’efficacité énergétique est le moyen le plus simple, le plus porteur de résultats et le moins coûteux pour réduire la consommation énergétique et les émissions de gaz à effet de serre associées. Cependant, en dépit de ses qualités, l’efficacité énergétique peine à s’améliorer dans les entreprises et beaucoup de projets restent dans les cartons. Cependant de nombreux avantages autres qu’énergétiques ont été identifiés dans les projets réalisés. Ces bénéfices, parce qu’ils sont liés au coeur de métier des entreprises, pourraient augmenter l’intérêt des projets en efficacité énergétique pour les décideurs. Pour cela, un gros travail doit être fait, pour les identifier plus clairement, les catégoriser et les chiffrer. Tel est un des buts de « Task 26 Multiple Benefits of Energy Efficiency », les autres objectifs consistant à développer une boîte à outils d’analyse et de communication pour les ingénieurs en charge des projets, ainsi qu’une base de données. L’objectif ultime de ce projet est d’améliorer le « business case » de l’efficacité énergétique pour une mise en oeuvre élargie et améliorée des projets dans les entreprises. J’enseigne déjà les Bénéfices Multiples dans le module 4 du CAS en Management de l’énergie (consacré aux aspects stratégiques et financiers) et les nouveaux outils qui seront développés par la Task 26 contribueront à renforcer cet enseignement et son potentiel d’influence. ■