Le débat est clos !
Le monde n’arriverait-il plus à discuter sereinement des grandes angoisses qui le frappent ? Face à une société de plus en plus complexe et à un avenir de moins en moins serein, les esprits se crispent et remplacent le dialogue par l’invective.
Vous en avez sans aucun doute déjà fait la douloureuse expérience : autour de la table, le repas commence plutôt bien. L’ambiance est conviviale, on parle de tout et de rien. Jusqu’au moment où les sujets qui fâchent s’invitent entre la poire et le fromage. Question de genre, racialité, appropriation culturelle, politique sanitaire, religion… les discussions s’animent, les paroles fusent. Un convive monopolise le débat, soutient mordicus l’insoutenable avant de quitter la soirée en claquant la porte. Stupéfaction !
Dans la sphère publique, on constate aussi ces réactions épidermiques, cette incapacité à dialoguer. Est-ce qu’à l’heure des réseaux sociaux, des algorithmes qui ne savent pas faire la différence entre info et intox et de la défiance face à une information jugée officielle, le sens commun s’égare parfois dans la violence et l’invective ? Un groupe monté à la va-vite sur Facebook ou un simple tweet suffisent à enflammer les passions et à annuler une conférence, à sonner l’hallali d’une personnalité, sans défense possible. Chacun prétend dès lors à sa propre vérité rendant celle des autres insupportable. Alors oui, il existe des situations vécues par des minorités dont il est difficile de parler si on n’en fait pas partie. Cela justifie-t-il pour autant de ne pas débattre de ces questions ? De ne les autoriser qu’aux seules personnes du même bord, de la même idéologie ? Au risque d’opposer le bel esprit d’ouverture du débat à celui de la fermeture de l’entre-soi.