ALT

Château de Chillon : un modèle de conservation

Propriété de l’État de Vaud, le château de Chillon doit relever un défi de taille : sa fréquentation augmente année après année. Malgré cette réalité, ce site exceptionnel situé entre Montreux et Villeneuve a su préserver sa splendeur d’antan.

En 2018, la barre des 400’000 visiteurs a une nouvelle fois été franchie. Pour la deuxième année consécutive, le château de Chillon a vu son affluence atteindre des sommets. Dans ce contexte, la conservation de ce monument unique doit donc être savamment pensée. Comme le confirme Marta Dos Santos, directrice de la Fondation du Château de Chillon : « La conservation d’un monument historique, par analogie au déroulement de la vie humaine, représente une sorte de médecine destinée à prolonger l’existence du patrimoine bâti. La méthodologie générale appliquée à toute opération de restauration s’appuie sur les principes d’intervention fixés dans le cadre de la Charte de Venise établie en 1964. La règle générale qui préside à toute intervention à Chillon consiste à maintenir l’intégrité historique du monument. » Avant de préciser : « Il est important de considérer et de prendre en compte l’ensemble de l’histoire de l’édifice en admettant les diverses modifications intervenues. Dès lors, on considère qu’un bâtiment n’est pas monolithique, qu’il est formé de strates, d’étapes, de périodes, de mutations souvent multiples lorsqu’il s’agit d’édifices anciens. Il faut savoir laisser la place à la créativité et au talent, mais dans le respect permanent de la devise: se transformer sans se trahir. »

Financement multiple

Côté coûts, le montant annuellement alloué à la Commission technique du château se monte à 500’000 francs. Une somme destinée aux travaux de restauration et d’entretien du monument et de ses abords. Et qui peut évoluer selon les besoins. En 2018, la restauration et le remplacement des garde-corps et des escaliers du donjon, ainsi que le renouvellement de toutes les infrastructures techniques enterrées transitant par le site ont fait grimper la facture totale à 850’000 francs. En ce qui concerne l’année 2019, les chantiers ont été nombreux avec, notamment, la construction d’un nouveau pavillon restaurant, le réaménagement des jardins extérieurs, l’installation de l’éclairage et de la signalétique du site, ainsi que la consolidation du mur et de la route du jardin savoyard. Coût total ? 6 millions. Marta Dos Santos précise : « Le financement de la restauration, de l’entretien et des travaux divers est assuré par les ressources propres de la Fondation (billetterie, magasins, locations privées), par la subvention annuelle et ponctuellement par la Loterie Romande et l’État de Vaud. »

 La règle générale consiste à maintenir l’intégrité historique du monument. 

Expérience plurielle

Bernard Verdon, chef de projet à la Direction générale des immeubles et du patrimoine (DGIP) de l’État de Vaud et président de la Commission technique de la Fondation du Château de Chillon, annonce : « En 2020, les travaux de la zone extérieure, l’entretien et les restaurations usuelles seront menés à leur terme. Dès 2021, les façades côté lac, les toits et les murs côté cour seront restaurés. La stratégie adoptée par la Fondation du Château de Chillon qui est en charge de l’exploitation du monument et de la gestion générale du site définit Chillon comme un « espace de culture et de loisir offrant une palette d’expériences de qualité ». Sur le site et dans le château, le public est amené à faire « l’expérience plurielle qui mêle sensations visuelles, auditives, olfactives, tactiles, mais aussi l’occasion de fantasmes et de rêveries sur le Moyen Âge, la guerre, la nature, la Suisse, voire encore la possibilité de rencontres entre des savoirs historiques, architecturaux, artistiques et géographiques. » Tout un programme !

Rubriques
Patrimoine