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Brésil : absence de politique de traitement des déchets

On ne recycle « presque rien » dit la directrice de CoopFuturo, coopérative de traitement des déchets de Rio de Janeiro, où le plastique représente 60% des quelque 120 tonnes d’ordures qu’elle reçoit chaque mois.

Chaque année, le pays produit 11,4 millions de tonnes de déchets plastiques et ne recycle que 1,28% des déchets qu’il génère. Selon Evelin Marcele, responsable de CoopFuturo, l’une des 22 coopératives chargées du traitement des déchets dans la ville de Rio, seuls 7% des déchets potentiellement recyclables seraient traités. Tout cela à cause du secteur de la distribution commerciale qui au Brésil est un gros consommateur de plastique. Il suffit de se rendre dans les supermarchés ou sur les marchés pour s’en rendre compte. Les commerçants locaux pour le moindre achat proposent systématiquement des sacs en plastique à leurs clients.

L’absence d’une politique de traitement organisé des ordures ménagères fait que le nombre de décharges sauvages se multiplient dans tout le pays. Conséquence de tout ceci, chaque année 7,7 millions de tonnes de plastique se retrouvent dans ces décharges et une grande partie d’entre eux vont envahir les océans, les lacs ou les rivières. Ce qui contribue à polluer l’environnement. Dans ces fameuses décharges d’ordures à ciel ouvert, le tri des ordures se fait de manière complètement artisanale. C’est le cas notamment de la décharge de João Pessoa située dans l’État de Paraíba. Tous les jours, 800 trieurs encore appelés catadores fouillent ces ordures dans l’espoir d’y découvrir des déchets recyclables comme le plastique, le papier, l’aluminium, le carton ou le caoutchouc. Le prix de revente de ces déchets à des intermédiaires étant très faibles, les catadores pour joindre les deux bouts sont obligés de rechercher des déchets alimentaires avec lesquels ils vont se nourrir. Dans cette décharge insalubre, les catadores se retrouvent aussi exposés aux déchets médicaux de tout le secteur, et donc à toutes sortes de maladies.

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La plus grande décharge à ciel ouvert d’Amérique latine, située à Brasilia, a été fermée durant le second semestre de 2017. (Photo prise juste avant sa fermeture.)

Au Brésil, 70% des grandes métropoles sont dépourvues d’infrastructures leur permettant de traiter correctement les déchets. Face à une telle situation, le gouvernement de Dilma Rousseff avait décidé d’agir au plus vite afin de réduire les vingt ans de retard accumulés dans le traitement des déchets. Parmi les dispositions prises, il y avait la fermeture de toutes les décharges à ciel ouvert, ainsi que la création de terrains d’enfouissement permettant d’enfouir les déchets solides non recyclables. Une indemnisation équivalente à 6365 dollars a été versée aux catadores locaux. Le financement de cette indemnisation fut en grande partie dû, à l’exploitation du gaz de méthane produit aujourd’hui sur le site de la décharge. Depuis, une unité de traitement industriel des déchets a été installée sur le site de Gramacho. Selon les données de l’Institut de recherche économique appliquée (IPEA) en 2017, les catadores recupèrent près de 90% des déchets recyclés au Brésil.

Cependant en dépit de toutes ces initiatives positives, avec l’élection du nouveau président, Jair Bolsonaro, une nouvelle inconnue demeure au Brésil. Le nouveau chef de l’État brésilien et son gouvernement ont clairement manifesté leur désintérêt pour le développement durable.

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Environnement