Au Japon, des projets verts émergent après la catastrophe

Frappé en 2011 par une triple catastrophe séisme-tsunami-accident nucléaire, le Japon doit faire face à de nouveaux enjeux, notamment énergétiques, pour se relever. Depuis ce drame, l’Archipel a ouvert ses portes à l’écologie, qui, jusqu’à présent, était plutôt en arrière-plan du débat.

C’est dans la ville de Sasebo, sur Ukujima, une des îles Goto de la préfecture de Naga-saki que l’Ukujima Mega Solar Park devrait voir le jour. Le projet, officialisé mi-juin, est d’ores et déjà présenté comme « le plus grand parc en énergie solaire sur terre agricole dans le monde ». Une superficie de 6,3 millions de mètres carrés pour un investissement estimé à plus d’un milliard d’euros. Le chantier pourrait démarrer dès avril 2016. A terme, ce parc solaire pourrait produire chaque année, 430 MW, soit la consommation annuelle de 138 800 foyers nippons.
Les porteurs du projet, Photovolt Development Partner GmbH, Kyocera Corporation, Kyudenko Corporation, ORIX Corporation, et la banque Mizuho, sont parvenus à un accord en juin dernier. Ils assurent que cette centrale solaire « pourra soutenir les éleveurs en commissionnant les exploitations agricoles, contribuant ainsi au développement régional sur l’île, par le biais de l’élevage, principal secteur d’activité de l’île, et de la production énergétique ».

Depuis la triple catastrophe de mars 2011, le gouvernement japonais est poussé par l’opinion publique vers une sortie de l’énergie nucléaire. Des projets environnementaux, sans comparaison, font alors surface. A l’image de l’Ukujima Mega Solar Park de Naga-saki ou encore du Fukushima Forward, un parc éolien offshore qui sort actuellement des flots, au large des côtes de Naraha, et qui pourrait d’ici à 2015, produire la consommation énergétique de 10 000 foyers. Sous ces initiatives, une volonté criante du pays d’apparaître comme un pionnier dans le débat sur les énergies renouvelables. Et changer enfin l’image du Japon, ternie par la catastrophe Fukushima.
Le 11 mars 2011, il est 14h46 lorsqu’un séisme de magnitude 9 frappe le Tôhoku, la région nord-est du Japon. Ce tremblement de terre, le plus puissant de l’histoire contemporaine de l’Archipel, entraînera un tsunami tout le long de la côte Nord-Est, rasant des villes, causant la mort de près de 20 000 personnes.
Le bilan ne s’arrête malheureusement pas là. La vague meurtrière frappe la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, causant le plus grave accident nucléaire mondial depuis Tchernobyl. Aujourd’hui encore, soit plus de trois ans après les faits, la menace de cette centrale plane toujours sur le Japon. De ce fait, la reconstruction est difficile et le senti-ment de la population locale, amer.

Néanmoins, des projets semblent naître de ces temps difficiles. Et ces initiatives ne sont pas anodines : elles sont l’image d’une réflexion autour du développement durable qui trouve sa place au Japon. « Ces habitants du Tôhoku ont perdu beaucoup, explique Sano Norihito, chef de l’entreprise Fukkou Ouendan. Ils étaient auparavant des personnes ordinaires mais l’expérience de cette catastrophe les ont changés définitivement, qu’ils le veuillent ou non. Survivre à un tel drame leur a donné une force hors du commun. C’est pour cette raison que vont naître, au Japon, d’importantes initiatives. Notamment de la part des gens directement affectés. »
Originaire de Tokyo, Sano Norihito vit dans le Tôhoku où il dirige une entreprise d’audit. Deux mois seulement après le tremblement de terre, il a quitté Niigata pour Minami-Sanriku, ville durement touchée par le tsunami. « Reconstruire des bâtiments ne suffit pas : il faut ramener la vie. Pour cela, nous apportons notre soutien à des entrepreneurs locaux. Nous proposons notamment à des personnes de venir participer quelques jours à la vie de l’exploitation de notre agriculteur, Onosan : en l’aidant à planter ses tomates, nous sommes persuadés qu’un lien affectif va se créer. » Ramener les gens aux valeurs de la terre en les impliquant dans un processus agricole. Le tout dans un pur élan de solidarité.

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