Au fil du temps, au fil de l’eau
Les finalistes de la 5e édition du concours
SPG/HEPIA, 2013-2014
« PAYSAGES URBAINS : RÉVÉLER ET IMAGINER »
Les membres du jury de la 5e édition : Thierry Barbier-Mueller, Administrateur délégué de la SPG ; Dominique Bakis-Métoudi, directrice SPG Asset Development ; Andrea Bassi, Architecte ; Christian Von Düring, architecte et Pascal Heyraud, architecte paysagiste.
Pour en savoir plus sur les précédentes éditions : www.concoursspghepia.ch
1er prix : Le mystère des Contamines. En parcourant Genève le long de l’ancien tracé du Jargonnant, nous avons découvert le parc des Contamines. Situé au cœur d’un îlot de bâtiments, il est presque invisible depuis Malagnou ou Florissant. Les espaces permettant d’accéder à ce parc mystérieux, des pieds d’immeubles, ne sont aujourd’hui plus adaptés à l’usage. Les relations visuelles, qualitatives et fonctionnelles de l’îlot avec la ville nuisent à la qualité de ce lieu. Grâce à une caractérisation de chaque espace, dans son état actuel et son possible devenir, nous avons mis en place une stratégie globale. Nous visons à réaffirmer le parc dans le maillage urbain en travaillant sur les pieds d’immeubles. Nous proposons des espaces aménagés pour la rencontre et le parcours, sans pour autant trahir le caractère mystérieux du parc. Le développement d’un des pieds d’immeubles dévoile des aménagements possibles entre chaque immeuble de l’îlot, montrant, mas-quant, invitant à aller dans le parc. Notre proposition permet donc de réintégrer le parc dans le réseau d’espaces verts imaginé par l’architecte Braillard et ses collaborateurs, en protégeant le Mystère des Contamines de l’agitation de la ville.
Texte rédigé par les gagnants du premier prix : Stéphanie Micheloud et Quentin Lefebvre
2e prix : Du Campus au Nant. Le Nant du Petit-Cayla se trouve dans un cadre rare à Genève. En effet, le cours d’eau coule dans un cordon forestier très naturel qui, lui-même, se situe au milieu d’un grand espace agricole exempt de constructions descendant vers le Rhône. Cet espace appartient au domaine Cayla datant du XVIIIe siècle. Le but du projet est d’abord de préserver ce cadre en intervenant en amont et plus particulièrement sur le campus du cycle d’orientation et de l’école primaire Cayla. Ensuite, il est proposé de rendre ce dernier totalement perméable afin d’assurer un accès facilité et agréable au nant depuis l’avenue d’Aïre. Pour ce faire, les limites de l’école primaire sont supprimées laissant l’accès au chemin William-Lescaze par la rampe existante sous le bâtiment. Deux rampes supplémentaires sont ajoutées. Finalement, au sud, le projet intègre le chemin William-Lescaze au campus, il le fait passer d’un simple tronçon peu utilisé à un espace public de valeur faisant à la fois office de préau d’école et de lieu de détente pour le quartier. Le chemin est élargi par une grande terrasse en bois posée en porte-à-faux sur le talus ferroviaire. Certains arbres sont coupés pour offrir des dégagements sur la rive gauche du Rhône tandis que d’autres, comme les grands platanes, sont conservés et traversent le platelage.
Texte rédigé par les gagnants du 2e prix : Nicole Van Malder, Nadège Varone et Adrien Erny
3e prix : Au fil du Vengeron. Le projet s’intègre dans la colonne végétale accompagnant le Vengeron, qui serpente à travers des communes telles que Collex-Bossy et Chambesy. Cette structure accueille des espaces à potentiel le long de son parcours. Certains, déjà aménagés, participent à un réseau de mobilité douce liant public et privé. Le projet développe en étapes un chapelet d’espaces liés au réseau pour connecter les différents lieux et activités, en lien ou non avec le nant. Un ruisseau secondaire «les Chânats» traverse la parcelle des Grands-Champs à Bellevue. Il sert d’entrée forte à un quartier en expansion depuis plusieurs années pour le connecter au réseau de mobilité douce qui, complété, abouti à la plage Vengeron. Ce nant canalisé est remis à jour pour profiter des qualités apportées à un quartier résidentiel. Redonner un véritable espace à ce nant permet de développer la faune et la flore locale, offre de nouvelles activités aux résidents tout en retrouvant une valeur oubliée. Cet ensemble vient s’ancrer dans le paysage local comme une structure pour les futures constructions prévues sur la parcelle.
Texte rédigé par les gagnants du 3e prix : Killian Dumais et Estelle Allainguillaume
Le concours SPG/Hepia a fêté cette année sa 5e édition. Ce qui prouve que le partenariat s’inscrit dans la durée, se pérennise. Au fil du temps, quelques nouveautés sont apparues : un voyage d’études a maintenant lieu tout au début du semestre. Le concours s’est aussi définitivement ancré dans le cursus, avec notamment une implication plus forte des étudiants dans la communication de leurs projets (voir ci-contre). Et une thématique a été choisie, comme un fil conducteur. Cette année, il s’agissait du réseau hydraulique des nants à Genève. Au fil du temps, au fil de l’eau, le journal IMMORAMA, partenaire média du concours, vous fait vivre ces moments d’exploration, de découverte et de dialogue. Rencontre avec les professeurs HES de l’Hepia, responsables du concours, Didier Challand et Nathalie Monge, ainsi que les assistants HES, Jordi Hernandes de Gispert et Simon Cally.
Quelle a été la plus-value de ce voyage à Saint-Etienne ?
Un tel voyage soutient idéalement et à plusieurs niveaux l’ambition didactique de notre atelier et, in fine, du concours SPG. Ainsi placé en début de semestre, il offre aux étudiants l’opportunité d’apprécier concrètement, en amont, des projets qu’ils développeront, des réalisations exemplaires, passées et présentes, de valorisation de l’espace public. Il se prête en même temps à éveiller ou affûter, chez l’étudiant, la capacité à lire le paysage urbain comme une construction dialectique, à la confluence de l’architecture et de l’architecture du paysage. Corollairement, il favorise l’apprentissage du dialogue interdisciplinaire, entre étudiants issus de deux filières de formation distinctes. Enfin, lorsqu’il est réussi, un voyage d’études a le pouvoir d’insuffler une dynamique positive au groupe, dont l’effet se ressentira durant l’entier du semestre.
Ensuite comment se sont faites la sélection du lieu, la réalisation du projet ?En se référant au réseau des nants sur le territoire genevois, les étudiants ont ensuite arpenté divers sites et choisi librement celui qui, dans sa capacité à revaloriser la pratique de l’espace public, les interpellait le plus. Rapidement, ils ont réalisé une maquette, sans échelle et d’expression libre, traduisant les qualités sensibles de ce site. Cette approche intuitive a été suivie d’une phase analytique, où les étudiants ont documenté le site et identifié son inscription dans un « paysage urbain » plus étendu. A l’aide du fonds de cartes historiques du Centre de recherche « Territoire et Tissus Urbains » (TeTU), ils ont questionné l’épaisseur temporelle – mutations, permanences, déclin – du site pour en préciser le potentiel à révéler. En superposant au substrat historique les aspirations contemporaines de mobilité, de spatialité, d’atmosphère et d’usages, les étudiants ont alors énoncé, sous forme de projets, des stratégies de valorisation des espaces publics de leur site. Alternant travail à l’atelier et évaluations formelles, effectuées notamment par le jury SPG, ce processus de travail a abouti à des propositions très stimulantes et pertinentes dans son ensemble.
Qu’est-ce que ce concours apporte aux étudiants ?
Le concours stimule la créativité des étudiants et favorise une dynamique d’émulation au sein de l’atelier. L’aspect le plus intéressant réside dans l’aptitude que les étudiants développent pour expliquer leur projet face à un jury de professionnels externes à l’école. Ce jury ne connaissant au préalable ni le site choisi ni le programme imaginé, les étudiants doivent communiquer avec méthode leurs idées, en les hiérarchisant et en les verbalisant clairement.