Problème d’emblème
Chaque ville, et jusqu’au moindre village, possède ses armoiries. Souvent abstraits, certains blasons portent des images surprenantes qui racontent un peu de l’histoire des endroits qu’ils illustrent.
Coventry
Que vient faire un éléphant sur le blason de Coventry, petite ville industrielle anglaise très éloignée de ce genre d’exotisme ? Celle-là même où, au XIe siècle, Lady Godiva aurait chevauché nue l’artère principale pour convaincre son époux de ne pas augmenter les impôts locaux. La présence du pachyderme serait en fait religieuse. Outre sa force capable de supporter les tours du château local, l’animal est associé depuis le Moyen Âge aux grandes valeurs chrétiennes telles que la sagesse, le soutien à la communauté, la chasteté et la fidélité conjugale.
Amsterdam
Sur des mugs, dans la rue, sur les canaux, tricotés sur des pulls… ces trois croix de Saint-André blanches sur fond noir sont devenues l’argument marketing massue d’Amsterdam. Une image super graphique que l’on voit absolument partout. Mais que symbolise cette triplette omniprésente ? Elle serait une protection contre les trois fléaux qui font frémir la ville : les inondations, les incendies et la peste noire. Mais son origine pourrait aussi remonter à la famille Persijn qui possédait autrefois une grande partie des terres de la capitale des Pays-Bas et dont les armoiries portaient des croix identiques.
Madrid
Les armoiries de la capitale espagnole remonteraient au XIIIe siècle. Chose étrange, elles montrent un ours, comme sur les blasons de Berne et de Berlin, en train de renifler les fruits d’un arbousier. L’abondance du plantigrade dans les forêts avoisinantes l’aurait ainsi imposé sur l’emblème, les sept étoiles symbolisant la constellation de la Grande Ourse. Quant à l’arbousier, les naturalistes de l’époque pensaient qu’il soignait les douleurs oculaires de l’ours et attribuaient à ses feuilles des vertus curatives contre la peste.
Waterloo
Un lion, la patte posée sur un boulet. Venant de Waterloo, on imagine que les origines du blason remontent à la défaite, en 1815, de Napoléon Ier contre les armées commandées par le duc de Wellington et le maréchal Blücher. Bien vu ! Le félin rappelle en effet le monument spectaculaire de 40 mètres, érigé entre 1823 et 1826 par le roi des Pays-Bas à l’endroit présumé où son fils, le Prince d’Orange, fut blessé. Ce n’est qu’en 1914 que le mémorial fut choisi pour figurer sur les armoiries de la commune belge.
Cobourg
Les armoiries de Cobourg, en Allemagne, sont aussi un peu suisse. Rapport à la tête de Maure dont elle est frappée depuis 1430. Il s’agit en fait de celle de Maurice d’Agaune, le saint patron de la ville, mieux connu sous le nom de saint Maurice, martyre valaisan décapité par les Romains vers 286-287 de notre ère. Le commandant de la légion thébaine installée à Octodure avait alors payé de sa vie, et celle de ses compagnons d’armes, le refus d’exécuter les habitants de l’actuelle Martigny, tous chrétiens. Sous le Troisième Reich, le blason de la ville allemande fut forcément modifié par les nazis qui remplacèrent la tête par une croix gammée. Avant de la voir rétablie dès 1946.