Les figures de l’ombre

Leurs actions sont restées anonymes. Hommage à quelques-unes de ces personnalités arrivées au bon endroit, au bon moment, mais dont l’histoire n’a pas retenu les noms.

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Rose Valland, Vartan Gregorian, Katherine Johnson, Masahiro Hara

Pour l’histoire, l’homme providentiel est une figure essentiellement politique dont l’action surgie de la violence leur assure un culte quasi divin. C’est Alexandre Le Grand, Winston Churchill, Giuseppe Garibaldi, Napoléon Bonaparte. Rien que des personnalités extralarges qui remplissent les rayons des bibliothèques.

Il existe peut-être une autre définition, plus contemporaine, moins spectaculaire, moins « tombée du ciel ». Elle qualifie celui ou celle qu’on n’attend pas et qui, par son talent, son intelligence, sa pugnacité, débloque une situation inextricable, certes, mais dont le nom et l’action resteront parfaitement inconnus. C’est la différence entre l’homme providentiel et le héros. Le premier apparaît et disparaît une fois la résolution du problème accompli, sans laisser de trace ni marquer les esprits. Contrairement au second, dont l’action extraordinaire nourrit la fierté d’une nation à travers sa légende. Depuis quelque temps, l’histoire friande d’histoires et de figures positives creuse sa mémoire à la recherche de ces génies discrets.

Des livres, des films, des séries et des documentaires leur sont désormais consacrés. Des honneurs tardifs leur sont même remis. Juste le temps pour eux de prendre la lumière avant de retourner dans l’ombre. Comme l’écrit le philosophe Marc Tourret : « Ils portent l’étoffe légère et éphémère que leur offrent le papier imprimé ou les pixels de l’écran. » Petit hommage à ceux qui, sans revendiquer la gloire, ont aussi réussi à changer la face du monde.