Discorde – Colère virale
Qui aurait imaginé qu’un jour, un virus diviserait l’humanité en deux camps ? La crise du Covid-19 aura ainsi exacerbé les angoisses et les colères.
Et rendu tout débat vain entre les pro- et les antivaccins, chacun prétendant à sa vérité sur la pandémie. Deux ans de dialogue impossible entre ceux qui soutiennent mordicus que la maladie est, au mieux, une invention, au pire, le moyen qu’ont trouvé des gouvernements d’injecter dans les veines de la population des nanoagents-espions capables de les contrôler. Et les autres, qui agitent le fait scientifique prouvant, par la baisse des contaminations, l’efficacité des vaccins sans conséquence sur l’organisme.
Pour étayer leurs propos, les premiers se nourrissent des informations qui tournent en boucle sur les réseaux sociaux, les vraies, celles qui dénoncent la voix officielle qui ment et qui cache tout. Les seconds écoutent les médecins qui enchaînent les interviews sur les plateaux télé et suivent les recommandations des autorités sanitaires en s’écharpant avec les avis contraires. Des familles se déchirent, des couples volent en éclats et des amitiés d’une vie s’achèvent dans la dispute.
Des mots nouveaux apparaissent renforçant ces opinions irréconciliables. Qualifier de « covidosceptique » ou de « complotiste » celui ou celle qui ne croit pas à la maladie, c’est aussi une manière de stigmatiser une partie de la population, et donc de la repousser dans sa différence, dans son caractère infréquentable et ses idées indéfendables. Deux ans plus tard, le virus mute et les vaccins s’adaptent dans l’indifférence. Le débat, lui, ne peut toujours pas avoir lieu. La fâcherie est un mal tenace. ■
Société