Terre d’avenir

Il n’est jamais agréable de se situer involontairement entre le marteau et l’enclume. C’est la position délicate dans laquelle se retrouvent nos agriculteurs. À la fois nourriciers des populations et gardiens de la terre comme du paysage, ils s’attendent à la reconnaissance des populations, mais subissent au contraire le feu des critiques.

L’élevage intensif, la surconsommation d’eau, le déboisement en faveur des cultures qui nuit à la biodiversité, l’usage de pesticides figurent, parmi d’autres, dans la longue liste des griefs qui leur sont adressés par certains activistes, relayés dans les médias. On ne saurait nier que l’agriculture rejette dans l’atmosphère 23% de la totalité mondiale des gaz à effet de serre. Ce qui la place juste derrière le transport et la construction.

Mais comment faire pour diminuer ce chiffre, sachant qu’il est en grande partie provoqué par le méthane évacué par les bêtes qui digèrent ? Certains préconisent de limiter drastiquement les cheptels bovins à une époque où la consommation de viande est remise en question. Séduisant programme, mais que vont devenir ces éleveurs dont l’amour du métier n’est motivé ni par le salaire, ni par les vacances ? D’autres font confiance aux technologies de pointe et aux énergies renouvelables pour alléger la facture carbone et gérer le plus finement possible l’utilisation des ressources naturelles.

La paysannerie doit faire sa révolution durable. Elle est la mieux placée pour mesurer les conséquences, sur la nature et le paysage, des méthodes en vigueur. Nombre de ses acteurs disent vouloir en changer. Mais nos habitudes de consommateurs sont aussi en cause. La grande distribution, qui nous invite à acheter des produits de saison tout en proposant des fraises toute l’année, a des questions à se poser. L’avènement, dans les exploitations agricoles, d’une nouvelle génération sensibilisée depuis son plus jeune âge aux problématiques environnementales, va sans doute permettre à ce secteur vital, au sens littéral du terme, de négocier le virage que les anciens n’ont pas su, pu ou voulu prendre.

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