Royaume-Uni : La rigueur touche aussi les étudiants

Etudier dans un « college » (une université) anglais n’a jamais été donné mais cela va devenir encore plus onéreux.

Jusqu’à présent, il en coûte 3 290 livres par an : ce montant forfaitaire est fixé par le gouvernement pour l’ensemble des études supérieures. Il est le même pour les étudiants de l’Union européenne et de la Suisse, tout comme les bourses qui s’élèvent au maximum à 2 906 livres par an.

Pour les « hors UE », les frais sont librement déterminés par chaque université, qui en profite allégrement. Chinois, Coréens et autres Indiens sont ainsi devenus de véritables « vaches à lait », a récemment dénoncé le British Council, vitrine culturelle et pédagogique du Royaume-Uni à l’étranger.

Ce coût relativement élevé n’a pas dissuadé les étrangers de se ruer vers les universités anglaises, qui sont les seules à se tailler une place auprès de leurs consœurs américaines parmi les meilleures au monde. Les Universités d’Oxford et de Cambridge sont classées sixièmes mondiales ex aequo dans le dernier palmarès établi par le magazine britannique très réputé Times Higher Education, tandis que l’Imperial College de Londres est neuvième, University College London vingt deuxième et Edimbourg, en Ecosse, quarantième.

Le nombre des étrangers étudiant au Royaume-Uni ne cesse d’augmenter, pour atteindre un nouveau record en 2008/2009, dernière année où les chiffres sont disponibles. Quelque 2,4 millions de jeunes étudient au Royaume-Uni, sur une population de 62 millions : environ 85 % sont Britanniques, près de 5 % viennent d’autres pays de l’UE, et plus de 10 % d’autres nations.

En 2008/2009, 118 000 étudiants étaient des étrangers de l’UE, soit une hausse de 5 % sur un an, et 250 000 venaient de pays extérieurs à l’UE, soit un bond de 9,4 %.

 

La nouvelle loi fait sauter le plafond de 3 290 livres dès la rentrée de septembre 2012 : les universités ont ainsi le droit de demander jusqu’à 6 000 livres, voire 9 000.

Mais l’attrait des universités anglaises va-t-il survivre à la réforme radicale voulue par le nouveau gouvernement britannique et qui a été adoptée par le Parlement le 10 décembre ? La nouvelle loi fait sauter le plafond de 3 290 livres dès la rentrée de septembre 2012 : les universités ont ainsi le droit de demander jusqu’à 6 000 livres, voire 9 000 si elles s’engagent à adopter des mesures particulières, comme l’accroissement du nombre de leurs bourses.

Ce quasi triplement des frais d’inscription a suscité une colère rarement vue en Angleterre : dans ce pays peu enclin à descendre dans la rue, des milliers d’étudiants et de professeurs ont manifesté à cinq reprises cet automne, parfois avec violence. Lors de la dernière protestation, le 10 décembre, le véhicule transportant le prince Charles et son épouse Camilla a été attaqué, choquant profondément l’opinion publique.

Le mécontentement est d’autant plus vif que le projet contredit une promesse faite durant la campagne des législatives de mai dernier par les libéraux-démocrates, partenaires des conservateurs dans le nouveau gouvernement.

Le Premier ministre conservateur David Cameron avance que, en ces temps de rigueur budgétaire, on ne peut se permettre de continuer à financer l’enseignement supérieur à hauteur de 35 % environ.

Le projet de loi ne vaut que pour l’Angleterre, chaque « région » britannique bénéficiant de l’autonomie en matière d’éducation, mais il aurait des répercussions sur l’ensemble du pays. En Ecosse, les universités sont gratuites pour les Ecossais et les ressortissants de l’UE et de Suisse. Pour les autres Britanniques, elles coûtent 1 820 livres par an. Mais la pression de l’Angleterre voisine pourrait remettre en cause ce système très avantageux.

L’Irlande du Nord réfléchit elle aussi à une hausse de ses frais universitaires, actuellement identiques à l’Angleterre. Le Pays de Galles, lui, demande également le même montant mais il a déjà annoncé qu’il augmenterait les frais au même rythme qu’en Angleterre. Cependant, les universités galloises accorderont des bourses à tous les étudiants gallois afin de couvrir la différence entre les frais actuels et ceux à venir, qu’ils aillent dans des universités galloises ou ailleurs.

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