Focus – Les reporters

Elles étanchent leur soif d’aventure et de vérité à travers leur métier de photojournaliste. Leurs textes et leurs images racontent le monde tel qu’il est. Avec dévouement et courage, elles disent et montrent les guerres et les inégalités. Jusqu’à y laisser la vie.

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Annemarie Schwarzenbach

ANNEMARIE SCHWARZENBACH
(1908-1942)

Née dans une famille aisée de Zurich et sympathisante d’extrême droite, Annemarie Schwarzenbach va vite chercher à s’échapper de ce carcan hautement conservateur. Militante antifasciste très engagée et ouvertement homosexuelle, elle quitte la Suisse en 1927 pour Paris où elle démarre une carrière de journaliste, de photographe et d’écrivaine. Assoiffée d’aventure, la Zurichoise voyage en Perse, en Union soviétique et aux États-Unis. En 1939, elle traverse l’Iran au volant de sa Ford en compagnie d’Ella Maillart. Elle retourne ensuite vivre aux États-Unis où ses images dénoncent les inégalités sociales et au Congo belge où elle est accusée d’espionnage pour le compte du régime nazi. Souffrant de tendances suicidaires et dépendante à la morphine, Annemarie Schwarzenbach partage sa vie entre reportages à l’étranger, amours tumultueuses et séjours en hôpital psychiatrique. Elle meurt en 1942 à la suite d’une chute à vélo. À sa mort, sa mère détruit une partie de ses écrits, de sa correspondance et de ses photographies. Les documents réchappés du désastre feront connaître les images et l’œuvre écrite de la reporter-aventurière. Ils sont désormais conservés aux Archives littéraires suisses à Berne.

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Laurence Deonna

LAURENCE DEONNA
(1937-2023)

Dans la famille Deonna, il y a Raymond, le conseiller national genevois, Waldemar, l’helléniste fantasque et directeur du Musée d’art et d’histoire pendant plus de trente ans, et Laurence, journaliste, écrivaine et correspondante de guerre, fille et nièce des deux premiers. Une curiosité héréditaire pour le monde et les choses qui va l’amener à travailler dans la galerie genevoise du marchand d’art Jan Krugier de 1962 à 1967. Pionnière de la questin féministe, pugnace et aventurière, Laurence Deonna rêve de suivre les voies d’Ella Maillart et d’Annemarie Schwarzenbach. En 1967, elle est projetée dans la guerre des Six Jours en tant que reporter. Passionnée par le Moyen-Orient et l’Asie centrale soviétique, experte du Yémen, elle va rendre compte de tous les conflits dans la région. En 1987, elle reçoit le Prix de l’UNESCO pour l’éducation et la paix. Elle s’éteint à Genève en 2023, à l’âge de 86 ans.

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Anja Niedringhaus

ANJA NIEDRINGHAUS
(1965-2014)

Elle appartient au cercle tragique des photojournalistes morts dans l’exercice de leur profession. Née en 1965 à Höxter en Allemagne, Anja Niedringhaus est abattue le 4 avril 2014 par un commandant de la police afghane alors qu’elle couvre les élections présidentielles en Afghanistan. Un destin brutal pour celle qui relata toutes les violences du monde depuis la chute du Mur de Berlin en 1989 jusqu’à celle des talibans. Ses reportages pendant la guerre en Irak lui vaudront de recevoir le Prix Pulitzer de la photographie d’actualité en 2005. À l’annonce de sa mort, l’International Women’s Media Foundation décida de créer un prix à son nom : l’Anja Niedringhaus Courage Photojournalism Award, décerné chaque année « à une femme photojournaliste dont le travail reflète le courage et le dévouement, comme le faisait Anja ».

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Hamida Aman

HAMIDA AMAN
(1973)

L’Afghanistan des talibans. Le pays le plus restrictif du monde en matière de droit des femmes. Elles n’avaient déjà pas le droit de se dévoiler et de fréquenter l’école. Depuis 2021, elles ne peuvent plus ni chanter ni parler. Il existe cependant une voix qui perce cette chappe de plomb. Celle de Radio Begum, équivalent de « princesse » en ourdou, qui émet vaille que vaille depuis Kaboul à travers les trois quarts du pays et diffuse principalement des programmes éducatifs destinés aux jeunes filles. La station a été fondée par Hamida Aman, née à Kaboul, mais réfugiée à Lausanne avec ses parents depuis l’invasion soviétique. Journaliste au quotidien 24 heures puis à L’Hebdo, elle retourne en Afghanistan, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Elle y travaillera pour plusieurs ONG. Obligée de quitter le pays, elle vit désormais à Paris. Sa radio, elle, continue d’émettre.

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