Mexique : Les universités publiques, piliers de l’enseignement supérieur

« Par le projet culturel qu’elles proposent, par le rôle politique qu’elles jouent, par le nombre d’étudiants qu’elles forment et la quantité de recherches menées en leur sein, les université publiques mexicaines sont des éléments fondamentaux pour la mise en place d’un nouveau modèle de développement du pays. » C’est en ces termes que le docteur Humberto Muñoz, professeur de l’UNAMl’Université nationale autonome du Mexique –, résume l’importance des établissements publics d’éducation supérieure dans son pays. Il est vrai que les universités publiques jouent un rôle primordial dans la formation des jeunes Mexicains, puisqu’elles accueillent deux tiers des 3 millions d’étudiants, contre un tiers pour les privées.

 

Actuellement, 30 % des jeunes entre 18 et 23 ans peuvent accéder aux études supérieures.

Moins de 1 % du PIB

Néanmoins, l’importance qu’ont acquise ces universités ne se reflète pas vraiment dans le montant des subventions que leur octroie le gouvernement, puisque l’Etat fédéral mexicain ne consacre que 0,65 % du PIB à l’éducation supérieure. Ce qui représentera pour l’année 2011, 7,5 milliards de francs suisses. 40 % de cette somme revient aux quatre plus grandes institutions éducatives situées dans la capitale, dont l’UNAM qui touche à elle seule un tiers des subventions fédérales. A cela s’ajoutent les subsides des Etats fédérés qui peuvent représenter entre 15 % et 50 % du total des aides publiques. En plus, un subside est également destiné au système national d’éducation à distance qui recourt aux nouvelles technologies comme Internet et les vidéoconférences. Quant aux revenus propres des universités, ils proviennent de diverses sources, notamment des frais d’inscription que paient les étudiants. Alors que l’UNAM offre une quasi-gratuité, les autres établissements appliquent des tarifs variables, allant de 6 à 450 francs suisses par trimestre, auxquels s’ajoute ensuite le paiement de tous les services que proposent les universités. Quant aux étudiants étrangers, au demeurant pas très nombreux, les taxes qu’ils paient sont généralement beaucoup plus élevées que celles fixées pour les nationaux.

Parce qu’il s’agit de taxes relativement basses, elles ne représentent qu’un infime pourcentage de leur budget annuel. De sorte que l’augmentation recommandée par l’OCDE, pour compenser la diminution des subsides publics et trouver une solution à la crise financière que traversent une vingtaine d’universités sur qui pèse un coût croissant des retraites, ne serait pas d’une grande utilité.

Une couverture réduite

En plus, elle irait à l’encontre de l’extension de la couverture qui, actuellement, ne permet qu’à 30 % des jeunes entre 18 et 23 ans de pouvoir accéder aux études supérieures. Avec de grandes disparités en fonction des Etats et de l’origine sociale des étudiants.

L’UNAM demande à ce que le Mexique parvienne à une couverture de 50 % en 2020, ce qui signifierait l’entrée de 2 millions d’étudiants supplémentaires, à raison de 200 000 chaque année. Un objectif que le docteur Muñoz, spécialiste des thèmes universitaires, estime possible, « même s’il implique un énorme coût financier et surtout la formation de 300 000 nouveaux professeurs, ce qui représente l’obstacle majeur à cette expansion de la couverture ».

L’importance des bourses

Dans un pays où plus de la moitié de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté, l’octroi de bourses aux jeunes issus de familles défavorisées est un instrument fondamental pour leur permettre d’accéder à l’éducation supérieure. Grâce au Pronabesle programme national de bourses – quelque 300 000 jeunes Mexicains peuvent réaliser des études supérieures. Cependant, l’absence d’indexation des bourses, dont les montants vont de 60 à 80 francs par mois, couvrent toujours moins les besoins de bénéficiaires. Malgré tout, les boursiers terminent généralement leurs études et en plus, ils les terminent bien. Mieux même que leurs compagnons d’études qui n’ont pas besoin d’aide économique ! En ce qui concerne les indices de désertion, ils sont particulièrement élevés dans les carrières scientifiques, où la moitié des étudiants abandonnent leurs études après la première année. En revanche, 80 % de ceux qui les poursuivent obtiennent leur licence !

Ce que déplore Humberto Muñoz, c’est le nombre restreint de docteurs issus des universités mexicaines : ils ne sont pas plus de 2 000 par an, l’équivalent du nombre de doctorats octroyés par la seule Université de São Paolo. Un établissement prestigieux qui lutte au coude à coude avec l’UNAM dans le ranking des meilleures universités latino-américaines ! Un classement qui place l’UNAM au 158e rang mondial. Ce qui démontre l’importance de cet établissement considéré comme le symbole et le fleuron de l’éducation supérieure au Mexique.

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