Les métiers du bâtiment innovent
Les nouvelles techniques de construction exigent des jeunes enthousiastes et bien formés. Un défi relevé par les écoles professionnelles du bâtiment.
En jetant un coup d’œil distrait sur le signal routier « Attention travaux », personne ne s’interroge devant la silhouette penchée sur un tas de gravats. Et pourtant, cette représentation correspond-elle réellement au travail du maçon ou du constructeur de routes du XXIe siècle ? Non, mais le secteur de la construction souffre aujourd’hui encore, à tort, de cette image dévalorisante. Pourtant, les métiers du bâtiment se sont profondément modernisés ces trente dernières années, transformés par les nouvelles technologies.
Des métiers attractifs
Sur un chantier, le travail a radicalement changé. « La pelle, la pioche et la brouette ne correspondent plus du tout à la réalité actuelle des métiers du bâtiment », sourit Pascal Foschia, directeur de la formation au sein de la Fédération vaudoise des entrepreneurs à Tolochenaz (VD). « Les nouvelles techniques de construction, la mécanisation des tâches, la revalorisation des salaires et les normes de sécurité renforcées offrent aujourd’hui aux jeunes une palette de métiers attrayants. »
Le travail sur les chantiers a considérablement évolué : des véhicules et des grues acheminent les matériaux et permettent de réduire les charges soulevées par les employés. Les mesures de sécurité officielles en vigueur sont quant à elles intégrées aux plans de formation des apprentis, pour réduire les risques sur le terrain. Et les salaires des jeunes employés sont plus qu’intéressants puisqu’un maçon peut gagner près de 5’000 francs brut à l’issue de ses trois ans d’apprentissage. Bien sûr, le job demande une bonne condition physique et on ne peut rester toujours propre sur soi comme au bureau.
Pour ceux qui ont de l’ambition, les métiers de la construction offrent des formations supérieures de haut niveau. Toutes exigent d’avoir préalablement obtenu un CFC. Seuls certains cursus requièrent également une maturité professionnelle. Les jeunes diplômés issus de l’apprentissage dans la construction peuvent ainsi acquérir des responsabilités d’encadrement, de gestion de chantier et même d’entreprise. Ils suivront alors des voies de formation menant au brevet puis au diplôme fédéral spécifiques à leur profession, l’équivalent du bachelor et du master. Avantage non négligeable : la possibilité, à terme, de devenir indépendant en créant sa propre entreprise.
Pascal Foschia, soucieux d’assurer la relève d’une vingtaine de métiers du bâtiment, prend soin d’en assurer la promotion auprès des potentiels apprentis du secteur. « Car nous allons de plus en plus manquer de ressources dans la construction en Suisse », s’alarme-t-il, rejoint par Nicolas Rufener, son homologue genevois. Leurs apprentis du bâtiment – 2’000 dans le canton de Vaud et 1’200 à Genève – ne suffisent plus dans un secteur de la construction en plein boom dans la dynamique région lémanique.
Séduire à 10 ans
Depuis 2009, avec le Club des Petits Bâtisseurs, une communication personnalisée s’est mise en place auprès des petits Vaudois de 10-13 ans. Au cours de cinq mercredis après-midi consécutifs au printemps et en automne, des ateliers de découverte de divers métiers sont animés par des seniors retraités de la branche. Et l’investissement en vaut la peine, avec 20% de participants qui choisissent finalement d’être apprentis dans la construction.
Pour séduire les jeunes « plus âgés », les réseaux sociaux et les visites dans les écoles sont bien utiles. Et pour emporter le morceau auprès des parents, le Salon annuel des Métiers et de la Formation au Palais de Beaulieu à Lausanne se prête particulièrement bien au jeu.
« Des stands animés notamment par des apprentis confirmés donnent envie et amènent plus tard des jeunes dans nos ateliers de démonstration, se réjouit Pascal Foschia. Lors de ces ateliers baptisés ‹ Trouve ton apprentissage ! ›, ils peuvent échanger avec des formateurs, exécuter des gestes du métier et rencontrer des entrepreneurs pour décrocher un stage en entreprise. Ils sortent de chez nous avec l’envie de se former dans nos métiers.»
Formation en maths et en français à améliorer
Le défi du recrutement se corse car les entrepreneurs recherchent des jeunes capables d’assimiler des connaissances techniques. Ce n’est pas facile alors que les tests d’aptitudes révèlent qu’un tiers seulement des candidats potentiels ont des capacités suffisantes en mathématiques et qu’à peine la moitié sont à l’aise en rédaction et expression française.
Dans les métiers de la construction, les effectifs restent aujourd’hui encore très majoritairement masculins. Mais, heureusement, de plus en plus de filles se forment notamment dans l’ébénisterie et la peinture. « Et il est de moins en moins rare d’en apercevoir dans la halle des maçons et en atelier de charpenterie à l’École de la construction, ajoute, optimiste, Pascal Foschia. Nous avançons… C’est un chantier qui prendra du temps. »
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