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Interview de Roby Tschopp

Actares, une association fondée en 2000 à Fribourg qui réunit 1 300 membres dont la plupart sont des particuliers. Elle ne gère pas de fortune mais représente ses membres qui sont des actionnaires sensibles à une économie durable. Roby Tschopp, Actares encourage les entreprises à la transparence, à une gestion basée sur la durabilité et à se montrer socialement et écologiquement responsables. Recommandez-vous des investissements responsables à vos membres, actionnaires de sociétés ?

Le conseil en investissement est un métier. Actares ne donne aucune recommandation d’achat ou de vente. Ses membres sont les seuls à prendre la décision d’acheter ou de vendre leurs actions. Cependant Actares collabore si possible avec des partenaires, comme Inrate, qui est une agence d’analyses reconnue. Nous allons utiliser ces données pour les comparer entre elles et si, par exemple, nous allons voir les administrateurs d’une société, nous leur disons : « voyez, les autres entreprises font des efforts et vous ? » Le cœur de la démarche d’Actares consiste à représenter ses membres auprès des sociétés cotées et de porter leurs préoccupations en matière de durabilité sociale, environnementale et économique.

Vous représentez des actionnaires minoritaires dans les assemblées générales, comment pouvez-vous faire changer les choses ?

En posant des questions, en sensibilisant. Nous amenons les sociétés à bouger, en mettant la pression du côté des actionnaires. Ce n’est pas spectaculaire mais c’est par tout petits pas que l’on consolide notre position. Il y a peu de groupes au niveau de l’actionnariat qui se préoccupent de ce sujet. C’est le rôle que nous assumons dans le système avec d’autres, comme Ethos. Preuve que les choses changent : il y a une dizaine d’années, à l’époque des grandes fusions, l’excuse des entreprises était de dire qu’elles répondaient à une demande des actionnaires. Aujourd’hui, on n’entend plus beaucoup cet argument.

Comment vous informez-vous pour savoir si des sociétés sont socialement responsables et qu’elles n’ont pas d’impact négatif sur la société ou l’environnement ?

Le contrôle de l’impact des activités des sociétés se fait par Actares sur la base des don-nées disponibles publiquement, et si possible émises par l’entreprise elle-même. Il s’agit avant tout de son rapport environnemental et social, mais aussi des chiffres consolidés par le « Carbon Disclosure Project » (www.cdp.net) ou encore les controverses soulevées soit par les ONG, notamment La Déclaration de Berne, Greenpeace, WWF, Amnesty International, soit traitées par la justice ou les pouvoirs publics (sanctions, amendes).

Mais vous faites également des études sectorielles pour rendre publics certains thèmes comme l’impact climatique des entreprises par exemple ?

Oui, nous avons récemment fait une étude sur les impacts, en matière de gaz carbonique, des investissements de grandes compagnies d’assurances. Nous avons publié un rapport comparatif sur ces assurances. Les personnes intéressées peuvent aller cher-cher ce type d’informations pour se faire leur propre opinion, mais notre objectif n’est pas d’être exhaustif et de pouvoir dire, par exemple, Credit Suisse et UBS ont des performances différentes en matière d’environnement. Nous faisons des études très sectorielles, pour montrer aux sociétés elles-mêmes que certaines ont fait des efforts et d’autres pas. Nous sommes un peu des chiens de garde et des enquiquineurs bienveillants. Notre but n’est pas de nous attaquer aux sociétés et de faire perdre de l’argent à nos membres qui, sont actionnaires. Nous voulons amener nos préoccupations et celles de nos membres à être mieux prises en compte par les entreprises. L’expérience nous montre de plus en plus que celles qui essaient de tricher ou de ne pas se préoccuper de la durabilité finissent par en subir les conséquences.

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Environnement