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Interview de René Estermann

Changement climatiques, épuisement des ressources et pollution : Quelles sont les menaces et défis ?

Chaque semaine nous entendons le même refrain : inondations, glissements de terrain, destruction d’infrastructures, pénurie alimentaire, épuisement des ressources. Les conséquences liées aux changements climatiques sont énormes. Des guerres civiles éclatent suite à l’épuisement des ressources. Conséquences directes de cette situation : les coûts en matière de reconstruction, de réapprovisionnement des ressources et de création de nouvelles sources ne cessent d’augmenter. Les conséquences indirectes sont de type sociétal : migration et tensions sociales dans les régions touchées par les catastrophes. Les conséquences sont jusqu’à présent restées minimes en Suisse. Et grâce à notre niveau de vie élevé, nous sommes en mesure d’absorber les coûts. Mais pour les pays du Sud de l’Europe, la situation est déjà différente. Ils sont confrontés à une migration considérable qui ne s’arrête pas aux frontières de la Suisse.

Economie verte : Quels ont été les ambitions et quels sont les résultats ?

En Suisse, nous avons réussi à gérer les problèmes de type écologique. Voici quatre exemples : une eau propre, une protection du paysage, une biodiversité, une gestion des déchets. Les mesures qui ont été engagées entre 1950 et 2000 portent maintenant leurs fruits. Nous avons également instauré des règles claires au niveau de la Confédération, des cantons et des communes. Nous avons internalisé les coûts : principe du pollueur-payeur. Celui qui pollue doit supporter les frais en conséquence. Nous avons mis au point des mécanismes et créé de nouveaux marchés dans le secteur de l’environnement. Lorsque j’étais enfant, on ne pouvait pas se baigner dans les rivières et les lacs. Aujourd’hui, c’est possible. Et pour quelle raison ? Par ce que celui qui est à l’origine des problèmes doit désormais payer les coûts relatifs au traitement des eaux usées. Le même principe s’applique à l’air de nos jours, mais seulement dans une moindre mesure. Quasiment personne ne supporte les frais liés aux déchets sous forme de gaz ou de vapeurs.

Quels sont vos ambitions pour des projets verts ?

J’espère que la Suisse s’inspirera des réussites réalisées au cours des dernières décennies en matière environnementale et que nous instaurerons également de nouvelles règles sur la protection climatique. Nous devons assurer une internalisation complète des frais liés aux problèmes environnementaux. Les règles doivent clairement être établies à cet effet. Pour réussir, il est essentiel que nous vous donnions, à vous les habitants de la planète, des explications et que nous rendions tout ceci plausible. Car seulement ce qui est plausible peut être mis en œuvre. Les dispositions légales sont en fait le reflet des règles de société. Les exemples montrent qu’un mélange entre économie, dispositions légales, communication et formation est nécessaire. Pour autant, cela ne sert à rien d’agir seulement en Suisse car les problèmes climatiques ne s’arrêtent pas aux frontières. Nous devons agir au niveau international. Les Suisses, dans leur grande majorité, ont conscience de cet état de dépendance au niveau international, ainsi que de la question de la responsabilité et de la solidarité.

Efficacité énergétique et énergies renouvelables : Comment optimiser ?

Il faut allier les deux, même si j’ai une préférence pour les énergies renouvelables. Leur potentiel est considérable grâce à un savant mélange entre eau, vent, soleil, vagues et autres énergies telles que la géothermie. Je souhaiterais que la Suisse fasse preuve de davantage de courage et de tolérance par rapport aux projets sur les énergies renouvelables. Les technologies ont encore de grandes chances d’améliorer la question de l’efficacité énergétique, et de fixer des limites à l’homme car il a tendance à vouloir gaspiller. Renoncer n’est pas vraiment une attitude très glamour, ni un modèle économique qui fonctionne. Profiter de la vie est sou-vent synonyme d’inefficacité. Il doit pouvoir être possible, à l’avenir, de profiter de la vie tout en ne nuisant pas à l’environnement. Nous pourrions, si nous le voulions, développer quantité d’énergies renouvelables que nous pourrions utiliser intelligemment. A mon avis, ceci serait un grand tournant. Pour vous donner un exemple : je chauffe ma propre maison depuis 13 ans au bois, nous produisons de l’eau avec des capteurs solaires et de l’électricité grâce à des modules photovoltaïques. Ainsi, par beau temps, mes filles peuvent se doucher pendant une demi-heure sans problème, sans gaspiller de l’énergie (nous manquons très rarement d’eau en Suisse). L’isolation de ma maison est bonne, mais pas non plus énorme. Il est important de garder de bonnes proportions. A partir d’un certain niveau, on injecte tellement d’énergie dans l’isolation que le bilan énergétique et le confort thermique ne sont plus en adéquation. Au niveau des constructions, il conviendrait d’axer davantage nos efforts sur l’utilisation intelligente des énergies. Il est tout à fait possible de gaspiller, mais seulement au bon endroit.

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Environnement