Interview de Pierre-François Unger

L’innovation est au cœur de notre modèle économique.

Pierre-François Unger, Président du Conseil d’Etat genevois en charge du Département des affaires régionales, de l’économie et de la santé

1. Les entreprises suisses se montrent-elles suffisamment innovantes ?

Les entreprises suisses, actives dans de nombreux domaines de niche et à forte valeur ajoutée sont condamnées à l’innovation pour réussir. Depuis longtemps, la Suisse et les cantons développent une politique de promotion économique axée sur le soutien à l’innovation en tant que moteur essentiel de développement économique et de compétitivité des entreprises. A l’échelon du Département des affaires régionales, de l’économie et de la santé du canton de Genève, de nombreuses initiatives visent justement à soutenir l’innovation entrepreneuriale, notamment avec l’introduction de la loi dite JEDI, accordant un statut spécial aux jeunes entreprises innovantes. Cette capacité d’innovation hors du commun des entreprises suisses, soutenue par les pouvoirs publics, est attestée par les études internationales. Ainsi l’Indice mondial de l’innovation 2011 de l’INSEAD place la Suisse au premier rang mondial et, plus spécifiquement au niveau de l’entrepreneuriat, le célèbre Innovation Union Scoreboard (IUS)1 place la Suisse en tête des pays européens sur des aspects tels que la proportion de PME lançant des innovations sur des produits ou des procédés, l’exportation de moyenne et haute technologie ou encore la vente de produits ou services nouveaux. Si cette capacité d’innovation est aussi forte, c’est grâce notamment au niveau très élevé de collaboration existant entre les entreprises et les académies et instituts de recherche suisses. Il s’agit pour nous de maintenir cet état de fait à l’avenir. Au reste, je me réjouis de voir que l’innovation n’est pas le privilège d’une petite partie des entreprises, mais qu’on la retrouve aussi bien dans des sociétés comme Logitech que dans des entreprises actives dans le chocolat ou les montres.

2. Quels sont les atouts particuliers des entreprises suisses, en comparaison avec l’étranger, et des Romands en comparaison avec le reste du pays ?

En raison de la taille de leur marché intérieur, les entreprises suisses savent qu’elles doivent s’internationaliser très vite pour résister et, de ce fait, elles doivent justement être très compétitives et innovantes. C’est une des caractéristiques essentielles de nos entreprises, probablement d’autant plus vraie pour la Suisse romande que notre marché régional est véritablement petit. En outre, les qualifications très élevées de la main-d’œuvre suisse, qui se caractérise non seulement par un haut niveau de formation, mais également un niveau de motivation très élevé et un multilinguisme, sont parmi les principaux atouts des entreprises suisses, tout particulièrement celles de Suisse romande.

3. Le contexte suisse – les fameuses conditions-cadres – favorise-t-il l’innovation et l’exploitation de cette innovation ?

Les conditions-cadres suisses favorisent clairement l’émergence de l’innovation : un cadre économique libéral, tourné fortement sur la collaboration entre les entreprises et les instituts de recherche, des autorités publiques à l’écoute des besoins des entreprises et une main-d’œuvre hautement qualifiée, sans parler d’un environnement général de grande qualité : tous ces éléments concourent ensemble à faire de notre pays un champion de l’innovation. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est essentiel et crucial de veiller constamment à maintenir et à développer ces conditions-cadres, afin que la Suisse puisse bénéficier à l’avenir des bienfaits de l’innovation entrepreneuriale
« made in Switzerland ».

4. Quels dangers pourraient menacer la force d’innovation helvétique ?

Ces dangers prennent de multiples formes. Le contexte actuel, avec un euro et un dollar faibles, incite bien évidemment à préserver la compétitivité de nos exportations face à la force du franc suisse. En outre, il faut rester vigilant et continuer à investir massivement dans la formation et la recherche fondamentale – deux éléments essentiels pour assurer une relève qualifiée et des sources d’innovation durables pour nos entre-prises et qui sont d’ailleurs au menu des objectifs 2012 de la Confédération.

5. Le maintien de la qualité suisse peut-il être assuré, tout en conservant la compétitivité des entreprises ?

Bien évidemment, le maintien de la qualité suisse est même l’élément essentiel de la compétitivité des entreprises helvétiques qui se positionnent le plus souvent sur des produits et services de haute technicité et de haut niveau de qualité. La qualité suisse est pour ainsi dire le cœur de cible de l’économie helvétique et doit donc absolument être sauvegardée dans cette optique.

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