Interview de Léo Kaneman

Je ne pense pas que la politique culturelle fédérale soit ambitieuse.

Léo Kaneman, Directeur général du Festival du film et Forum international sur les droits humains (FIFDH), Genève

1. Quels sont les défis qui se posent lorsque l’on veut dynamiser une institution culturelle et accroître son rayonnement ?

En ce qui nous concerne, le défi est d’affirmer notre concept en mettant en avant la dimension artistique liée à une démarche sociétale. Pour le 7e art, nous pensons que meilleur est le film d’un point de vue artistique, mieux nous traitons des droits humains. Et ceci en direction d’un public nombreux et intergénérationnel.

2. Revitaliser une institution culturelle nécessite-t-il des moyens financiers importants, et quel rôle les pouvoirs publics doivent-ils jouer dans ce contexte ?

Les pouvoirs publics ont un rôle majeur et doivent engager des moyens financiers à la hauteur d’une politique culturelle ambitieuse, nécessaire à la qualité de notre société. Il convient aussi d’associer dans cette dynamique le secteur privé. A Genève, les autorités l’ont bien compris et œuvrent en ce sens.

3. Le public du XXIe siècle est-il différent de celui d’il y a deux ou trois décennies ?

L’expérience de la dernière édition du FIFDH montre que les nouvelles générations sont sensibles à une offre culturelle exigeante. Elle répond à leur recherche de sens pour mieux comprendre la marche du monde.

4. Doit-on forcément simplifier et vulgariser le message culturel pour qu’il soit reçu ?

Surtout pas ! Il faut maintenir un haut niveau dans notre message. Nous considérons le public comme intelligent et curieux. C’est notre manière de le respecter.

5. Quelles sont vos motivations ? Quels conseils donneriez-vous à celui ou celle qui souhaiterait s’inspirer de votre parcours ?

Pour nous, promouvoir la dignité, mettre en avant les droits humains sont une nécessité, une démarche qui cultive le lien entre l’art et la société pour dire le vrai. A Genève, le FIFDH est un relais pour les défenseurs des droits humains, qui agissent au risque de leur vie. Nous sommes solidaires, et beaucoup pourraient nous rejoindre dans cette attitude.

6. Pensez-vous que l’offre culturelle soit suffisante en Suisse ?

Je ne pense pas que la politique culturelle fédérale soit ambitieuse. Mais heureusement, il y a les cantons et les villes, à l’exemple de Genève, et les fondations privées qui pallient en partie ce manque.

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Culture