Interview de Frédéric Hohl

Des capacités reconnues, dans un pays plus homogène qu’il n’y paraît.

Frédéric Hohl, Président de GENILEM Vaud-Genève

1. Les entreprises suisses se montrent-elles suffisamment innovantes ?

Elles l’ont toujours été en période de haute conjoncture, peut-être un peu moins maintenant, mais je pense qu’avec la crise qui arrive tranquillement, l’innovation – qui est source de survie – va déployer ses ailes. Je suis toujours impressionné, comme président de GENILEM Vaud-Genève, de voir les nombreux dossiers que nous recevons chaque année et de découvrir pour certains de réelles idées innovantes, ce qui nous encourage à nous intéresser à eux.

2. Quels sont les atouts particuliers des entreprises suisses, en comparaison avec l’étranger, et des Romands en comparaison avec le reste du pays ?

L’atout principal de la Suisse est sans aucun doute son excellente image et le rayonne-ment dont elle bénéficie à l’étranger. Le pôle d’excellence de nos grandes écoles est mondialement reconnu, mais également les différents volets de formation et d’apprentissage. Les Romands, les Genevois et le reste du pays sont quelquefois brocardés, plus spécialement la « Cité de Calvin au bout du lac », mais honnêtement, quand on entre dans un projet professionnel, il n’y a plus de frontière helvétique, ni linguistique, ni émotionnelle. Le vieux cliché d’une rigueur suisse alémanique et d’un côté plus décontracté des Latins est bien dépassé dans notre pays, qui se révèle plus homogène qu’il n’y paraît.

3. Le contexte suisse – les fameuses conditions-cadres – favorise-t-il l’innovation et l’exploitation de cette innovation ?

C’est principalement sur ce sujet que nous devons être innovants, car pour réussir une exploitation en Suisse, il convient de parfaitement maîtriser son agenda des tâches et des commandes, afin de pouvoir assumer la masse salariale, laquelle serait vite susceptible de devenir un handicap au lancement de nouveaux projets.

4. Quels dangers pourraient menacer la force d’innovation helvétique ?

Le manque de soutien des politiques, des médias, de la population et des écoles. Pour soutenir l’innovation, il faut en être fier et tous faire office de vecteurs de communication. C’est ainsi que l’on suscitera précisément l’intérêt d’innover !

5. Le maintien de la qualité suisse peut-il être assuré, tout en conservant la compétitivité des entreprises ?

Nous devons absolument nous assurer que nos écoles sont toujours de qualité. Voilà vingt ans, à Genève, il était de bon ton de se moquer des difficultés rencontrées par nos voisins français lorsqu’ils tentaient de s’exprimer dans la langue de Shakespeare. Aujourd’hui, force est de constater, et malheureusement les études PISA nous le rappellent, que le niveau scolaire genevois n’est plus si bon ou alors que le niveau scolaire de nos voisins est devenu bien meilleur… C’est par la formation que nous resterons compétitifs, et ce dès l’école maternelle. Le monde politique ne doit pas faire de concessions sur la formation; en revanche, l’éducation est certes un peu l’affaire de l’école, mais c’est surtout et cela doit rester la préoccupation et la responsabilité des parents. L’innovation est un état d’esprit que les jeunes enfants développent tout naturellement, mais qui bien souvent disparaît lorsqu’ils se fondent par imitation dans un cadre trop conventionnel.

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