Interview de Daniel Loeffler

L’atout de la présence des multinationales.

Daniel Loeffler, Directeur du Service de la promotion économique, Département des affaires régionales, de l’économie et de la santé (DARES), Genève

1. Les entreprises suisses se montrent-elles suffisamment innovantes ?

Selon le dernier recensement fédéral, plus de 99 % des entreprises suisses sont des PME de moins de 250 employés, et plus de 87 % d’entre elles ont moins de 10 employés. Elles sont actives dans des marchés de niche à forte valeur ajoutée. Pour rester compétitives, elles doivent être à la pointe du progrès et innover en permanence. Le défi est d’autant plus stimulant que les technologies évoluent de plus en plus rapidement. Par leur taille, les entreprises suisses sont plus agiles et s’adaptent plus rapidement aux besoins du marché. Elles peuvent également développer plus facilement des solutions innovantes.

2. Quels sont les atouts particuliers des entreprises suisses, en comparaison avec l’étranger, et des Romands en comparaison avec le reste du pays ?

La Suisse est un petit marché. De ce fait, les entreprises doivent développer leur marché à l’international. Cette internationalisation de leurs activités représente un atout certain dans une économie qui se globalise de plus en plus. Ainsi, elles sont mieux à même de comprendre l’évolution et d’adapter leur stratégie en fonction des changements et de pénétrer des marchés étrangers. La Suisse occidentale se distingue du reste de la Suisse par une densité plus forte d’entre-prises internationales sur son territoire. Ces entreprises ont un effet bénéfique sur le tissu local, non seulement par le fait de leurs investissements, mais égale-ment par leur rôle formateur de la main-d’œuvre locale à la gestion internationale. De plus, elles offrent des opportunités aux entreprises locales de se développer à l’international. C’est la raison pour laquelle notre service organise régulièrement des événements dans lesquels les entreprises locales peuvent rencontrer ces multinationales.

3. Le contexte suisse – les fameuses conditions-cadres – favorise-t-il l’innovation et l’exploitation de cette innovation ?

Dans la région lémanique, nous disposons d’une forte concentration d’entre-prises multinationales qui ont une très bonne connaissance des besoins du marché et disposent d’un réseau international. D’un autre côté, notre région dispose également d’un nombre élevé d’instituts de recherche comme le CERN, l’Université de Genève ou l’EPFL, qui génèrent un nombre important de start-up technologiques. Créer des ponts entre ces deux acteurs devrait nous permettre d’augmenter le taux de réussite des sociétés technologiques et de développer de nouvelles opportunités d’affaires. Dans cet environnement favorable au développement de nouvelles technologies, notre service met en place des plateformes d’échanges pour favoriser l’éclosion de nouvelles idées.

4. Quels dangers pourraient menacer la force d’innovation helvétique ?

La crise de la dette dans l’Union européenne, ainsi qu’aux Etats-Unis, et son impact sur le cours du franc suisse représentent un défi majeur pour notre économie et sa compétitivité. En effet, les opportunités d’investissement en Suisse deviennent moins attractives pour les étrangers en raison de leur coût, tandis qu’au contraire, les opportunités d’investissement dans la zone euro ou dollar s’avèrent plus intéressantes pour les investisseurs suisses. Il est dès lors important de renforcer le soutien à l’innovation pour augmenter la compétitivité des entreprises suisses. Cet appui se réalise notamment par la mise en place d’un dispositif de soutien aux entreprises qui se base sur l’accompagnement ou coaching et sur le financement.

5. Le maintien de la qualité suisse peut-il être assuré, tout en conservant la compétitivité des entreprises ?

La main-d’œuvre suisse est réputée pour sa qualité, sa haute qualification et sa fiabilité. Ces valeurs sont essentielles pour développer des produits et des services innovants, à forte valeur ajoutée et compétitifs. De ce fait, il est important de maintenir une formation de haut niveau permettant à cette main-d’œuvre de suivre l’évolution des marchés. Le facteur humain est primordial. De plus, le partenariat social permet d’éviter les conflits et assure également aux entreprises d’évoluer sereinement face aux défis de marchés qui requièrent une adaptation permanente.

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