Interview de Anne-Catherine Lyon

Notre mission est de favoriser l’accès à la culture.

Anne-Catherine Lyon, Conseillère d’Etat, Département de la formation, de la jeunesse et de la culture, Lausanne

1. Quels sont les défis qui se posent lorsque l’on veut dynamiser une institution culturelle et accroître son rayonnement ?

La dynamisation d’une institution culturelle dépendant d’une collectivité publique doit reposer sur l’ambition et les motivations de ceux et celles qui l’animent, la gèrent, en portent le projet artistique. Si je suis convaincue par le projet, je mettrai toutes mes forces pour convaincre mes collègues du Gouvernement, le Grand Conseil et l’ensemble des acteurs politiques, économiques et financiers, afin d’atteindre l’objectif fixé. L’exemple du Musée cantonal des Beaux-Arts (mcb-a), au travers du développement du projet de Pôle muséal, est parlant. Comme toutes les institutions culturelles, le mcb-a est arrivé à un moment charnière de son histoire où il doit évoluer. Il le fait au travers d’un projet ambitieux qui lui permet de passer à la vitesse supérieure et de développer un nouveau potentiel.

2. Revitaliser une institution culturelle nécessite-t-il des moyens financiers importants, et quel rôle les pouvoirs publics doivent-ils jouer dans ce contexte ?

Avant les finances, c’est la pertinence du projet qui prime : l’argent est important, oui, mais pour faire quoi ? L’exemple du mcb-a − Pôle muséal est là aussi pertinent. Ce grand projet a, à la base, été formulé comme un projet artistique et patrimonial, presque un projet de société. Le rôle de l’Etat, ici, est primordial : il est le porteur du projet, il doit créer autour de lui une communauté de vue avec les autres collectivités publiques, mais aussi avec le secteur privé, mécène et monde de l’économie, qui constituent des partenaires financiers de première importance.

3. Le public du XXIe siècle est-il différent de celui d’il y a deux ou trois décennies ?

La curiosité et le besoin de culture sont sans doute les mêmes. Nous vivons aujourd’hui un foisonnement, résultant notamment de la nouvelle approche de la culture qui a émergé dans les années 70-80. L’accès à la culture s’est véritablement démocratisé. Des gens comme Jack Lang ont sans conteste joué un rôle primordial dans ce sens.

4. Doit-on forcément simplifier et vulgariser le message culturel pour qu’il soit reçu ?

Il ne faut jamais sous-estimer le public et sa grande capacité à comprendre. D’autre part, l’offre culturelle est tellement variée chez nous que chacune et chacun peut y trouver son compte. Notre mission est de favoriser l’accès à la culture en soutenant les actions de médiation culturelle, qui sont développées pour donner les clefs de compréhension, ouvrir le chemin de l’émotion, susciter la curiosité.

5. Quelles sont vos motivations ? Quels conseils donneriez-vous à celui ou celle qui souhaiterait s’inspirer de votre parcours ?

Je suis persuadée que la culture permet à chacune et chacun d’enrichir sa personnalité. Elle doit être ouverte à toutes et tous et, en miroir, je souhaite à toutes et tous de s’ouvrir à la culture. Dans mon rôle politique, il s’agit de faire confiance aux professionnels en place et de fédérer les énergies autour des projets.

6. Pensez-vous que l’offre culturelle soit suffisante en Suisse ?

Elle est exceptionnellement riche et variée. Si l’on considère la seule Suisse romande, il n’y a aucun équivalent pour un bassin de population comparable, en France par exemple.

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