Jardin de culture

Une forêt de plus de 200 bouleaux, un jardin de sculptures et deux bâtiments de 156 logements réalisés dans le plus strict respect des règles de durabilité : inauguré en septembre à Genève, l’ensemble immobilier « Plateau de Frontenex 7 » réussit le mariage de l’art, de l’architecture et du paysage.

Et si, à la place d’un parking en pied d’immeuble, on plantait une forêt accompagnée d’œuvres d’art ? Cela pourrait être le début d’une histoire écrite par Jacques Prévert. Une fiction qui est aujourd’hui la réalité des habitants de l’ensemble locatif « Plateau de Frontenex 7 » inauguré le 7 septembre 2022.

 

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(Anouk Schneider)
La forêt de bouleaux du paysagiste Michel Desvigne sépare les deux immeubles dessinés par l’architecte Benoît Frignani.

Dessinés par Benoît Frignani, architecte associé du bureau Anderegg-Rinaldi Architectes SA, les deux bâtiments de 156 logements qui se font face sont séparés par une bande de terre où pousseront, à terme, plus de 200 bouleaux. « Le but de cette opération était de se préoccuper des aménagements extérieurs qui sont souvent les parents pauvres d’une réalisation immobilière ou alors traités de façon minimaliste », explique Thierry Barbier-Mueller, Administrateur délégué du groupe SPG-Rytz dont les départements Développements immobiliers et Environnement & Énergie de la SPG ont piloté ce projet où l’art, l’architecture et le paysage s’allient.

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(Cyril Menut)
L’architecte Benoît Frignani, Thierry Barbier-Mueller, Administrateur délégué du groupe SPG-Rytz, le paysagiste Michel Desvigne et les artistes Barthélémy Toguo, Pablo Reinoso et Pol Quadens.

Loyers abordables

En 2017, la SPG lançait un concours international pour trouver le ou la paysagiste capable d’installer dans un écrin de verdure ces immeubles de huit étages aux façades minérales qui se déploient comme les ailes d’un papillon. Le choix se portera sur le Français Michel Desvigne qui a déjà mis en végétation les réalisations de Renzo Piano, Rudy Ricciotti, Herzog & de Meuron, Norman Foster ou encore Rem Koolhaas. Et qui connaît Genève pour y avoir enseigné à l’époque de l’Institut d’architecture. « J’ai été frappé par le mélange assez inconcevable de gros immeubles avec des proximités importantes et des boisements touffus, explique le paysagiste. Comme un quartier presque vernaculaire mais avec d’immenses bâtiments. En France, cette situation serait totalement inenvisageable. Vous auriez un grand ensemble avec des parkings. Un paysagiste aurait éventuellement amélioré les espaces publics en essayant de faire de la ville. Ici, la présence massive de la végétation avec cette pente qui descend vers le lac, crée ce sentiment de se trouver dans un paysage, mais avec des objets urbains énormes. Depuis votre appartement, vous avez vraiment l’impression de vivre au cœur de la nature. » Des logements traversants ou à double orientation, avec balcons ou loggias, dont la SPG a veillé à ce que les loyers restent abordables (aidée en cela par le régime spécial de la zone de développement). Les prix sont ainsi compris entre 840 et 950 francs pour un deux pièces et entre 1320 et 1420 francs pour un quatre pièces. Le tout certifié THPE (Très Haute Performance Énergétique).

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(Anouk Schneider)
La chaise-sculpture Mirador Fronto de l’artiste argentin Pablo Reinoso.

Une forêt urbaine donc, mais aussi des œuvres. Trois pour être précis. Deux chaises-sculptures, Mirador Fronto de l’artiste argentin Pablo Reinoso, et Vertigo III du designer belge Pol Quadens s’élèvent dans le ciel de ce parc ouvert au public. Cachée dans les frondaisons, l’œuvre de Barthélémy Toguo relie les deux extrémités d’un passage étroit qui traverse toute la parcelle. Réalisée en collaboration avec l’ONG Art for the World, l’installation Sur le chemin de l’espoir est la première en bronze de l’artiste camerounais qui travaille le plus souvent à l’aquarelle. Des têtes, bouches ouvertes, d’où sortent des feuilles. Des mains qui jaillissent de terre. Et une barque, élément récurrent dans le vocabulaire de l’artiste dont le travail parle de voyage et d’exil. L’hybridation entre l’humain et la plante raconte encore autre chose. « Le spectateur qui se promène entre en dialogue avec ces personnages et les aide dans leur traversée. C’est la rencontre entre des êtres humains qui prônent des valeurs universelles sur l’amour de la nature et la découverte d’autres cultures », explique l’artiste. Un message d’espoir lorsque dans la nuit la sculpture s’illumine, le chemin qui s’éclaire annonçant la possibilité d’une issue salutaire après l’exode. ■

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(Anouk Schneider)
Une tête en bronze de l’installation Sur le chemin de l’espoir, installée dans les frondaisons du Plateau de Frontenex par l’artiste camerounais Barthélémy Toguo.