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En Europe comme en Suisse: instruments climatiques insuffisants

Les instruments existants pour la mise en oeuvre de la politique énergétique européenne et suisse dans le domaine de la mobilité sont loin d'être suffisants pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris. C'est la conclusion du rapport "Décarbonisation de la mobilité" publié en mars 2019 par l'Association des académies européennes (EASAC).

Ce rapport a été rédigé par 18 chercheurs placés sous la direction de Konstantinos Boulouchos, professeur de technologie énergétique à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) et président de la Commission énergie des Académies suisses des sciences, ont indiqué celles-ci dans un communiqué. Il se concentre sur le transport routier, qui représente 72% des émissions de gaz à effet de serre dues aux transports en Europe.

Les auteurs proposent des mesures à trois niveaux: la mobilité dans les secteurs des passagers et des marchandises, qui est actuellement en augmentation, doit être limitée aux transports à caractère indispensable. Le transport motorisé conventionnel devrait être transféré vers des moyens de transport plus efficaces tels que le rail ou les transports publics.

Mais surtout, la conception des véhicules doit être optimisée: les technologies motrices doivent être plus efficaces et les combustibles fossiles remplacés par des sources d’énergie renouvelables. Selon le rapport, le passage à des modes de transport efficaces est inconcevable sans investissements massifs dans les transports publics, notamment ferroviaires.

Parallèlement à l’électrification, l’augmentation du rendement des systèmes moteurs conventionnels devra apporter une contribution importante au cours d’une période de transition d’une bonne vingtaine d’années. Et la promotion de l’électromobilité doit s’accompagner du développement rapide de nouvelles capacités de production d’électricité à très faibles émissions de CO2.

Facteur décisif

Selon les auteurs, le facteur décisif sera toutefois la conception du système européen d’échange de quotas d’émission (SEQE) pour les certificats CO2, pour lesquels les secteurs des transports, de l’industrie et du bâtiment seront en concurrence à l’avenir.

En outre, la décarbonisation de la mobilité longue distance sera le défi le plus important des 20 à 30 prochaines années et nécessitera l’utilisation de carburants synthétiques tels que l’hydrogène, le méthane et le kérosène, principalement produits à partir d’électricité renouvelable. Le développement du savoir-faire avec une promotion précoce des investissements sera crucial.

Des conditions cadres appropriées et un soutien politique précoce à l’innovation seront essentiels pour maintenir et renforcer la compétitivité de l’industrie européenne de la mobilité, soulignent encore les scientifiques.

La Suisse doit se coordonner

Ces déclarations et recommandations sont valables pour la Suisse, selon les Académies. Le degré d’intégration dans le système européen d’échange de quotas d’émission et la coordination avec les instruments européens en général seront décisifs.

Durant cette phase de transformation, une bonne promotion de l’innovation créera certainement des opportunités en Suisse. C’est particulièrement vrai dans le domaine des carburants synthétiques renouvelables, car la population suisse est friande de transport aérien, notamment sur les longues distances.

Ce rapport, présenté en mars 2019 à Bruxelles, a été préparé par un groupe de travail du programme Énergie de l’EASAC. Les Académies suisses des sciences y ont contribué financièrement tandis que la contribution scientifique provenait du « Swiss Competence Centre for Energy Research in the Field of Mobility » (SCCER Mobility). (ats)