Barcelone la référence mondiale
Barcelone mise tout d’abord sur le ‹ pétrole du XXIe siècle ›, l’open data.
Récompensée par de nombreux prix de ville intelligente et innovante, Barcelone est l’une des Smart Cities de référence dans le monde.
Depuis la fin des années 90, la capitale catalane a développé nombre d’innovations et d’outils technologiques qui facilitent le quotidien des quatre millions et demi d’habitants de son agglomération. Parmi toutes ces initiatives, on retiendra notamment la gestion efficiente des déchets ménagers (les camions ne passent que lorsque les containers sont remplis), les parkings intelligents (les places libres sont signalées par une lumière verte), les bus hybrides, le système de feux rouges intelligents qui facilite le passage des ambulances, ou encore les lampadaires qui adaptent leur luminosité au nombre de passants aux alentours.
Participation citoyenne
« Les différentes équipes municipales qui se sont succédé à la mairie, de droite comme de gauche, ont toutes fait un excellent travail dans ce domaine », explique Ana Majo, directrice de l’innovation digitale à la mairie de Barcelone. Cette jeune femme polyglotte qui nous reçoit dans son bureau du 22@, l’ancien quartier industriel de la ville reconverti en district des nouvelles technologies, l’affirme sans fausse modestie : « Barcelone a une longueur d’avance en termes de vision d’avenir, et désormais ce qui compte, c’est la participation citoyenne. » Pour la mairie, gouvernée par la charismatique et très à gauche Ada Colau, une ville intelligente ne sert pas à grand-chose si ses habitants ne s’approprient pas tous les nouveaux outils mis à leur disposition. « Nous voulons aller au-delà de la ville intelligente », poursuit Ana Majo. « Barcelone doit être une ville ouverte, inclusive, circulaire et démocratique. » Pour atteindre ces objectifs, la capitale de la Méditerranée s’est lancée dans plusieurs chantiers. Elle mise tout d’abord sur le « pétrole du XXIe siècle », l’open data : les données publiques sont mises à la disposition des citoyens et des entreprises, qui peuvent ensuite développer des projets. Barcelone soutient également le mouvement « maker ». Les créateurs développent leur projet dans les fab labs, des espaces de fabrication souvent installés au coeur des universités et des entreprises. Pour encourager cette nouvelle économie, la mairie s’est engagée à ne se fournir qu’auprès d’entreprises innovantes, durables et qui respectent un certain nombre de critère environnementaux. « La commande publique est un bon moyen pour soutenir les entreprises innovantes. C’est plus efficace que les subventions », précise Ana Majo.
Les laboratoires de l’innovation
Mais le projet phare de la municipalité porte un nom catalan : « Els Ateneus de Fabricació ». Ces fab labs publics sont des laboratoires de conception et de fabrication ouverts à tous. La ville compte quatre athénées. Celui du quartier de Les Corts dispose de plusieurs machines-outils numériques : une imprimante 3D, une fraiseuse, une découpeuse vinyle. « Notre objectif est de rapprocher les citoyens de ces nouveaux outils numériques », explique Jorgina Martinez, responsable de ces fab labs publics. Le fonctionnement des athénées repose sur l’échange et la collaboration. « N’importe qui peut venir apprendre la robotique ou se servir librement des machines pour développer un projet personnel ou commercial.
En échange de cette utilisation, on demande une contrepartie non financière. » Des artisans ou des designers peuvent donc donner du matériel dont ils n’ont plus besoin, des particuliers peuvent proposer des cours d’anglais ou une formation technique. « Le système de la contrepartie, c’est finalement l’assurance qu’un créateur de l’athénée va soutenir le projet d’un autre. » Dans ce fab lab public, nombre d’idées sont devenues réalité : un groupe d’aveugles a créé un parcours tactile sécurisé en ville, des particuliers ont élaboré un jardin connecté et un groupe d’élèves a imaginé la signalétique de son école. « Avec les Ateneus de Fabricació, on cherche à démocratiser l’accès aux nouvelles technologies. La ville intelligente doit être une réalité pour tous », précise Jorgina Martinez. Le modèle catalan des fab labs publics a inspiré plusieurs villes à l’étranger. Les mairies de São Paulo, Mexico et Paris sont venues plusieurs fois à Barcelone avant de lancer leurs propres athénées de fabrication.