Australie : Etudiants étrangers, une manne financière
La plupart des universités australiennes sont publiques et de niveau très inégal.
Au sommet de la pyramide est installé « the group of eight », les huit universités les plus réputées du pays qui sont aussi les plus anciennes, installées dans les grandes villes comme l’Université de Sydney ou bien celle de Melbourne. L’ANU, the Australian National University, à Canberra, caracole en tête du « groupe des huit » et se retrouve nominée comme la meilleure des universités australiennes dans la plupart des classements internationaux. Mais l’accès à ces établissements est beaucoup plus difficile que pour les autres ; il faut arriver parmi les meilleurs au baccalauréat pour y être accepté. Dans les cent premiers si l’on veut faire médecine. Et, dans tous les cas de figure, les études universitaires ne sont pas gratuites en Australie.
Un système adapté
Au début des années 70, le Parti travailliste avait supprimé les frais de scolarité pour ouvrir l’accès aux universités. En 1989, le gouvernement en place, travailliste également, les avait réintroduits sur la base d’un même taux fixe pour tous les établissements. Un système d’emprunt permettait aux étudiants de différer le remboursement jusqu’à ce qu’ils entrent dans la vie active. Progressivement, la part de financement de l’Etat n’a cessé de décroître et les frais d’inscription d’augmenter. C’est ainsi qu’au cours des dix dernières années la dette étudiante est passée de 4,5 milliards de dollars à plus de 15 milliards de dollars. Selon un système de barème, chaque étudiant paie en fonction de la spécificité et de la durée des études qu’il entreprend. Ainsi un étudiant en droit paie plus cher (environ 7 000 dollars par an) qu’un étudiant en lettres (un peu moins de 5 000 dollars par an). Mais beaucoup ne peuvent tout simplement pas s’acquitter de leur droit d’inscription. Selon Kevin Rudd, actuel ministre des Affaires étrangères et ancien Premier ministre du pays, depuis 2003, plus de 100 000 Australiens n’ont pu accéder à des études supérieures pour des raisons financières.
Plus est élevé le nombre d’étudiants étrangers, plus sont élevées les ressources des universités qui peuvent ainsi étendre leur capacité d’accueil pour les étudiants locaux.
L’ouverture au monde
Dans le domaine universitaire, le grand succès australien demeure sa capacité à attirer les étudiants étrangers. 7 % des étudiants internationaux choisissent l’Australie. Cette industrie, qui pèse 18,5 milliards de dollars par an, arrive juste après l’industrie minière et celle du tourisme. 75 % des étudiants qui viennent en Australie sont d’origine asiatique, surtout des Chinois et des Indiens, mais aussi des Coréens, des Thaïlandais, des Malais… Ils s’inscrivent pour des stages de quelques mois – le plus souvent dans des laboratoires de langues pour y apprendre l’anglais – ou bien pour de longues études universitaires.
Pourtant l’enseignement aux étrangers a mauvaise presse en Australie. Beaucoup craignent, par exemple, que cette industrie ne réduise les ressources des universités pour les étudiants locaux. Un argument que réfutent les doyens des universités. « Etant donné les différences substantielles qui existent entre les frais d’inscription pour un étudiant étranger et un étudiant australien, il y a un important inter-financement. Plus est élevé le nombre d’étudiants étrangers, plus sont élevées les ressources des universités qui peuvent ainsi étendre leur capacité d’accueil pour les étudiants locaux », explique le professeur Alec Cameron qui est le doyen de l’Australian School of Business de l’Université du New South Wales de Sydney.
Sans étudiants étrangers moins d’emplois
Jusqu’à présent, le coût des frais d’inscription pour les étrangers, qui vont de 9 000 à 18 000 dollars selon les universités, soit souvent plus du double de ce que paie un étudiant australien, n’avait pas interrompu le flot des visiteurs. Mais la hausse du dollar australien, conjuguée à une série d’incidents racistes à l’égard d’étudiants indiens, a fait chuter les inscriptions. En 2009, le nombre de visas étudiants accordés par les services de l’immigration a diminué de 30 %, ce qui a eu pour conséquence des réductions de budget et des suppressions d’emplois dans beaucoup d’universités australiennes.
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