Mission caméléon
Toutes les armées du monde cherchent les moyens les plus efficaces de faire disparaître leurs soldats dans la nature. Mais tous les pays ne les camouflent pas de la même manière.
Voir sans être vu. Une question de survie en zone de guerre où le soldat doit se subtiliser au regard de l’ennemi sans nuire à sa capacité d’action. Pendant la Première guerre mondiale, l’armée française avait mis à contribution les artistes cubistes pour dissimuler ses pièces d’artillerie. Comme une sorte d’abstraction pour tromper la vue, ce dont l’art du camouflage se revendique encore aujourd’hui.
« JELLY BEAN CAMO » / AUSTRALIE
En 1986, l’Australie crée son propre camouflage à partir des photos aériennes de son territoire. Baptisé Disruptive Pattern Camouflage Uniform (DCPU), il est popularisé sous le petit nom de Jelly Bean Camo (littéralement « camouflage bonbon haricot ») en raison de ses taches aux formes organiques. Une version adaptée aux environnements arides a ensuite été développée en 2006 sous le nom de DCPU Desert.
CCE / AUTRICHE ET FRANCE
Le Camouflage Centre-Europe (CCE) a été introduit dans les armées française et autrichienne dans les années 90. Son motif à quatre couleurs a été spécifiquement dessiné pour se fondre en milieu forestier. Inspiré par le modèle M81 Woodland de l’armée américaine, il jouit, comme ce dernier, d’une grande popularité auprès des designers et des couturiers.
TIGERSTRIPE / ÉTATS-UNIS
Conçu dans les années 60 pour se fondre dans la jungle profonde au moment de la guerre du Vietnam, le camouflage Tigerstripe (« rayures de tigre ») est toujours utilisé, principale-ment par les Navy Seals américains.
MARINE PATTERN / ÉTATS-UNIS ET BRÉSIL
Le Marine Pattern (Marpat) a été dessiné en 2001 pour le corps des Marines américains. Composé comme une grille de pixels colorés, ce camouflage imite un motif numérique capable, en théorie, de mieux fondre dans la nature celui qui le porte qu’un dessin à taches plus larges. Inspiré par le camouflage Cadpat de l’armée canadienne lancé dans les années 90, le Marpat existe en différentes versions (forêt, désert, hiver), en fonction du théâtre des opérations.
FLECKTARN / ALLEMAGNE ET INDE
Le Flecktarn (« camouflage tacheté ») a été composé à la fin des années 70 par la RFA, à une époque où l’Allemagne était encore divisée. L’idée est alors de remplacer le vert olive des uniformes militaires jugés trop terne par l’emploi de petites taches vertes, grises et brunes. Le camouflage survivra à la réunification du pays en 1990 et équipera également les soldats de l’armée indienne.
TAZ 90 / SUISSE
Il est l’héritier de l’Alpenflage, le camouflage patrimonial qui équipait les tenues de combat de l’armée suisse entre les années 50 et 80. En 1990, le motif qui imite un tapis de feuilles mortes en forêt subit une mise à jour. Baptisé TAZ 90 (pour Tarnanzug, soit « tenue de camouflage »), le nouveau dessin se limite à quatre couleurs (brun clair, brun foncé, vert et noir), les taches blanches et rouges du modèle original ayant été supprimées.
M90 / SUÈDE
Le plus Neo-Geo des camouflages mondiaux, en référence au style de peinture géométrique de la fin des années 80. Le M90 de l’armée suédoise est composé de formes nettes en vert foncé, vert clair, gris et bleu marine dont l’agencement et les couleurs s’adaptent à une dissimulation sur une grande variété de terrains. Une version « désert » a également été développée pour camoufler les troupes suédoises engagées en Afghanistan.
MULTI-TERRAIN PATTERN / ROYAUME-UNIS, DANEMARK ET UKRAINE
Développé à l’origine pour protéger les troupes britanniques en opération sur le sol afghan, le Multi-Terrain Pattern (MTP) est, comme son nom l’indique, efficace dans une multitude d’environnement. Camouflage au succès international, il est également utilisé par l’armée danoise ainsi que par les membres de la Garde nationale ukrainienne.