Interview de Valentin Bearth

Garder et améliorer encore la qualité d’enseignement suisse.

Valentin Bearth, Directeur de l’Académie d’architecture de Mendrisio, Université de la Suisse italienne

1. Pensez-vous que la qualité de l’enseignement, notamment universitaire, soit toujours excellente en Suisse ?

On me permettra de répondre essentiellement sur ce qui regarde l’architecture, domaine qui m’est évidemment familier. En l’occurrence, l’enseignement, en Suisse, est excellent. La qualité est élevée dans les trois pôles que sont, pour l’architecture, les Ecoles polytechniques de Zurich et de Lausanne ainsi que notre Académie de Mendrisio. Nous tenons à garder et à développer encore cette qualité, raison pour laquelle nous ne cédons pas à la pression d’une demande très forte, venant notamment de l’étranger. Le nombre d’étudiants est en lien direct avec la qualité.

2. Quel est le poids du « label suisse » à l’étranger, en matière d’études ? Est-il reconnu à sa juste valeur ?

En général, ce label bénéficie de la même reconnaissance que la Suisse elle-même : précision, sérieux, qualité, confiance. Je reviens sur la taille de nos universités: chacun sait, à l’étranger, que nous ne connaissons pas de facultés d’architecture accueillant, comme celle de Milan par exemple, 7 000 ou 8 000 étudiants.

3. Les taxes universitaires suisses ou les écolages d’institutions de formation sont-ils suffisamment élevés, en comparaison internationale ?

Cela dépend des cantons. Les taxes élevées que connaissent les universités américaines ou anglaises, voire allemandes ou italiennes en certains cas, n’existent pas chez nous. Mais à Mendrisio, par exemple, l’écolage est plus élevé qu’à l’EPFL. Il reste bien sûr, en comparaison internationale, une certaine marge de manœuvre, mais si on en fait usage, il faudra alors renforcer le système de bourses aux étudiants pour éviter une segmentation à l’américaine et garder l’université ouverte à tous.

4. Les pouvoirs publics fédéraux et cantonaux en font-ils assez pour promouvoir l’excellence de la formation helvétique à l’étranger ?

Je ne sais pas si cela est nécessaire ; les classements internationaux sont assez parlants et pour le master en architecture, par exemple, nous avons cinq fois plus de demandes que de places. Les professeurs d’architecture, en Suisse, doivent aussi exercer concrètement et être patrons ou associés d’un bureau. Nombre d’entre eux sont connus dans le monde entier. Inutile de dire que leurs réalisations à l’étranger assoient encore la réputation des études d’architecture en Suisse.

5. Quels sont les avantages et les défauts d’une formation en Suisse, pour un étranger ?

Outre ses magnifiques paysages et son excellente infrastructure, la Suisse offre une ouverture internationale réelle. Ce dialogue avec l’extérieur est issu d’une longue tradition. A Mendrisio, nous avons 700 étudiants provenant de près de quarante pays. Ils peuvent visiter des villes proches les unes des autres, mais toutes de caractère très différent, ou traiter certains thèmes avec des condisciples issus des quatre cultures suisses ou de cultures étrangères. Du côté des défauts, il faut que nous améliorions encore les infrastructures et conservions des conditions de travail attrayantes pour les professeurs, assistants, collaborateurs et chercheurs.

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