Interview de Delphine de Candolle

Les partenariats privés sont primordiaux.

Delphine de Candolle, Directrice de la Société de Lecture, Genève

1. Quels sont les défis qui se posent lorsque l’on veut dynamiser une institution culturelle et accroître son rayonnement ?

Lorsque j’ai repris la direction de la Société de Lecture en 2001, cette dernière avait presque 200 ans d’histoire derrière elle (elle a été créée en 1818). Il a donc fallu en faire une radiographie, comprendre sa mission, ses enjeux, ses points forts, ses points faibles, avant d’agir. Puis redéfinir les objectifs à atteindre, en tenant compte de son passé, en préservant les acquis et en les faisant évoluer. Tenir compte de l’âme du lieu et de ses membres, en remportant l’adhésion autour d’un projet porteur.

2. Revitaliser une institution culturelle nécessite-t-il des moyens financiers importants, et quel rôle les pouvoirs publics doivent-ils jouer dans ce contexte ?

Bien sûr, l’argent est le nerf de la guerre, mais il va de pair avec un contenu de qualité, un programme fort. Les pouvoirs publics jouent un rôle prépondérant dans le soutien et l’accompagnement de projets culturels. Ils peuvent aussi conseiller leurs interlocuteurs. Ils légitiment les réalisations. Lorsque les pouvoirs publics ne souhaitent pas s’engager ou ne peuvent assumer la globalité d’un financement, des partenariats privés sont également essentiels et primordiaux. Certaines institutions, comme la Société de Lecture, ne fonctionnent que grâce à des fonds privés et à leurs propres ressources.

3. Le public du XXIe siècle est-il différent de celui d’il y a deux ou trois décennies ?

Il est peut-être plus volatil, plus curieux, reste moins attaché ou fidèle à une institution. Les goûts changent, ils évoluent.

4. Doit-on forcément simplifier et vulgariser le message culturel pour qu’il soit reçu ?

Surtout pas. Il ne faut pas infantiliser le public. Il faut préserver la complexité des œuvres culturelles en les rendant intelligibles. Chaque institution a ses adeptes, et la communication est liée à son public. Le Paléo ne communique pas de la même manière que l’OSR, le Théâtre de Carouge que le Théâtre de Poche.

5. Quelles sont vos motivations ? Quels conseils donneriez-vous à celui ou celle qui souhaiterait s’inspirer de votre parcours ?

La passion. Le partage. La transmission. Que les activités proposées correspondent à mes attentes et à celles du public. Qu’elles soient source de questionnement, de réflexion, qu’elles suscitent de la curiosité, qu’elles surprennent, perturbent, dérangent, apaisent, qu’elles donnent envie d’aller plus loin. Quant aux conseils, je suggère de bien s’entourer. De faire confiance. De tisser des liens et des partenariats avec des institutions ou des entreprises qui ont les mêmes valeurs que les vôtres.

6. Pensez-vous que l’offre culturelle soit suffisante en Suisse ?

Oui. Elle s’est beaucoup étoffée ces dernières décennies. Chaque année, de nouveaux festivals et manifestations voient le jour. Cette diversité est le reflet de la force créative de notre pays.

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