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Adelaïde, ville intelligente

Adelaïde fut longtemps réputée pour ses églises. Aujourd’hui, on y vient plutôt pour les vignobles, qui se déploient sur les collines aux alentours de cette ville ancrée au sud de l’Australie. Demain, c’est son intelligence artificielle qui attirera les regards vers elle.

Ce n’est pas pour la robe de ses sauvignons blancs et de ses pinots noirs que le gouvernement du pays a décidé de pousser Adelaïde sur le devant de la scène internationale, mais pour son intelligence. Elle a été choisie par le gouvernement australien – qui a débloqué 5 millions de dollars pour le projet – pour incarner ce qui se fait de mieux en matière de Smart City en se focalisant sur les technologies qui devraient révolutionner les domaines des transports, de l’énergie et de la sécurité. Aux responsables politiques de Canberra et d’Adelaïde se sont ajoutées des entreprises, des universités et de grandes sociétés technologiques, qui se mobilisent pour faire émerger un modèle de ville nouvelle, inventive et connectée, qui pourra être exporté à travers le reste de l’Australie et dans le monde entier. Avec 1,3 million d’habitants, Adelaïde est assez petite pour être utilisée comme laboratoire, mais assez grande pour y entreprendre des initiatives d’envergure et servir d’exemple à d’autres villes. En 2013, Adelaïde avait déjà fait parler d’elle en alimentant tout son réseau de bus à l’énergie solaire. Bien qu’ils soient silencieux, il est difficile de ne pas les remarquer, les véhicules sont verts comme des lézards et ont  été baptisés Tindo, qui signifie soleil dans la langue Kaurna Warra parlée par les Aborigènes des plaines d’Adelaïde. Les bus ne portent pas de panneaux solaires sur leur toit mais sont équipés de onze batteries Zebra fabriquées en Suisse. Ils s’alimentent à la gare centrale et disposent de 200 km d’autonomie. Les Tindo sont climatisés et gratuits pour les usagers qui disposent, à bord, du wi-fi.

Des lecteurs biométriques permettront d’identifier les suspects d’un crime, même s’ils portent une cagoule.

Adelaïde est d’ailleurs l’une des premières villes au monde à avoir installé un réseau Wi-Fi public à grande échelle, créant une infrastructure nécessaire et propice à sa transformation en Smart City. En 2014, la mairie avait signé un mémorandum avec le géant technologique américain Cisco, numéro un mondial des équipements de réseau, pour encourager les entreprises locales à développer et commercialiser des produits et services s’inscrivant dans le concept Smart City. À l’époque, Adelaïde avait d’ailleurs rejoint le club des sept villes dans le monde considérées comme « Smart and Connected Lighthouse Cities », un statut de « ville phare » permettant de bénéficier du réseau et des partenariats de Cisco dans des domaines clefs comme « l’Internet des choses ». De plus en plus d’objets du quotidien sont ainsi connectés et deviennent, eux aussi, « intelligents ». Comme les lampadaires du centre d’Adelaïde. L’année dernière, la ville a signé un nouveau partenariat avec Cisco pour lancer un projet pilote d’éclairage intelligent (Smart Lightning). Cet accord prévoit le remplacement de plus de soixante lampadaires bordant deux des principales rues du centre-ville par des lampadaires Smart LED. Cette technologie est supposée générer des économies d’énergie et faciliter la maintenance du service urbain. Pour ce faire, les lampadaires sont équipés de capteurs de mouvements qui modulent la lumière en fonction de la présence ou non d’usagers : une luminosité élevée lorsqu’un piéton ou une voiture passe et faible lorsqu’aucune personne, ni aucun véhicule ne se trouvent dans les parages. En plus de fournir un éclairage adapté aux circonstances, un signal est automatiquement envoyé au centre de contrôle lorsqu’un lampadaire nécessite une intervention technique, réduisant le coût de maintenance et le temps de non-fonctionnement.

Des technologies prospectives sont également étudiées dans le domaine de la sécurité, dont des lecteurs biométriques qui permettront aux ambulanciers d’obtenir les dossiers médicaux des patients, via un scanner des empreintes digitales ou via des techniques de reconnaissance vidéo, qui sont aussi capables d’identifier les suspects d’un crime, même s’ils portent une cagoule.

Mais un des objectifs affichés par les pouvoirs locaux et le gouvernement australien est de faire d’Adelaïde la première ville véritablement neutre en émissions de carbone. Le projet est en bonne voie : entre 2007 et 2013, la ville d’Adelaïde a réduit ses émissions de carbone de 19 %, alors que dans le même temps le produit régional brut a augmenté de plus de 4 millions de dollars. De quoi lever son verre à la santé d’Adelaïde.

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Innovation Urbanisme