BCorp, le label qui monte, qui monte…

Importé des États-Unis, le label BCorp séduit les entrepreneurs suisses avec un message : « Ne plus être les meilleurs DU monde, mais être meilleurs POUR le monde. »

« Nous vivons à une époque où l’on ne peut plus faire l’impasse sur notre impact » explique Benoît Greindl, cofondateur du service hôtelier Montagne Alternative. L’entreprise valaisanne est la toute première en Suisse à avoir obtenu la certification. « L’approche Bcorp existait déjà dans l’ADN de notre entreprise basée sur les principes d’une économie régénératrice, mais la certification a permis de renforcer nos valeurs tout en nous inscrivant dans une économie plus responsable », précise l’entrepreneur. Fondés en 2006, BCorp et l’ONG indépendante B-Lab, qui gère la certification, ont l’intention de faire évoluer le capitalisme.
Le label authentifie les entreprises qui se fixent des objectifs extra-financiers, sociaux et environnementaux, et qui répondent à des critères exigeants en matière de comptabilité et de transparence.
À ce jour, la communauté BCorp regroupe plus de 2650 entreprises à travers 60 pays. Jonathan Normand, fondateur et directeur de B LAB (SUISSE), est le responsable de l’organisation à but non lucratif en suisse. « La dynamique actuelle en Suisse tout comme en Europe fait bouger les lignes, nous passons dans l’ère de la mesure et la progression tangible pour répondre à l’Agenda 2030 tel que définit par les 193 pays signataires de l’accord de Paris. Au-delà de mettre un outil gratuit et confidentiel à disposition des entreprises et une certification, B Lab déploie des programmes d’engagement avec les régions, depuis janvier 2018, le programme Best Geneva initié avec le soutien du canton de Genève et trente partenaires à permis de mettre en mouvement plus de 340 entreprises qui ont commencé à mesurer leur impact sociétal et environnemental. Créer du lien et s’améliorer sont au cœur du dispositif, plus de 60 ateliers ont été organisés, il reste encore 3 mois pour ceux qui voudraient prendre le train en marche pour le premier cycle 2018 avant celui de 2019.

L’innovation sociale

Loyco, société genevoise spécialisée dans l’outsourcing administratif, a adopté une gouvernance basée sur l’intelligence collective. L’entreprise a également libéré ses employés du dress code, encourage le travail à domicile et le temps partiel, met à disposition des véhicules électriques ou de façon plus anodine invite au tutoiement. « Le label pousse chacun à aller toujours plus loin. Nous avons proposé à nos collaborateurs une participation au capital et nous dirigeons vers une organisation ‹ holocratique ›, qui abandonne la version pyramidale pour un modèle plus démocratique… Nous avons aussi un engagement de « lucrativité limitée », cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas faire de l’argent bien évidemment, mais nos facteurs de décision vont être avant tout orientés vers le bonheur de nos collaborateurs avant le profit », précise Grégory Chollet directeur marketing et qualité de Loyco. Même constat chez Montagne Alternative. « Que cela vienne du coeur ou de la raison, il faut bien voir que la société est en train de changer. Depuis 2007, le monde a basculé vers un nouveau modèle où il ne s’agit plus de gagner un maximum d’argent, mais de créer du lien avec nos équipes, de respecter l’environnement, de mettre du sens dans notre travail… et c’est ce que BCorp met en lumière. C’est ça être innovant aujourd’hui ! On n’a plus d’autre choix si l’on veut rester pérenne », assure Benoît Greindl.

Un label exigeant

Pour savoir si l’on fait partie de ces nouvelles entreprises « holistiques », il suffit de se rendre sur le site de B Lab (www.bimpactassessment.net), et de mesurer l’impact de son entreprise sur la société grâce à l’outil d’évaluation développé par B-lab. « Le grand atout de cet outil d’évaluation », c’est la simplicité de la démarche. Le nombre de points recueillis vient mesurer l’engagement de l’entreprise au travers de pratique concrète, c’est un bon radar qui a encore le mérite d’être totalement transparent ! Chacun peut vérifier les notes obtenues par les entreprises sur le site de B-Lab », explique Grégory Chollet. Après le questionnaire, place aux vérifications des données par le référent suisse puis par B-Lab. Enfin, chaque entreprise doit s’engager en modifiant ces statuts. L’estampille n’est valable que deux ans. Aux États-Unis et en Italie, B-Lab a obtenu la création d’un nouveau statut juridique pour les entreprises baptisé Benefit Corporation, qui les reconnaît comme « entreprise commerciale poursuivant un objectif positif sur la société et l’environnement ». Dans les 34 états signataires, il autorise formellement ces entreprises à servir d’autres intérêts que ceux de leurs seuls actionnaires, sans pour autant renoncer aux profits. « La reconnaissance par les pouvoirs publics par exemple dans les marchés publique ou encore avec des dispositifs tel qu’une TVA réduite pour les entreprises ayant fait vérifier leur impact, apporte des réponses systémiques pour un nouveau modèle de développement économie, partage Jonathan Normand. »

Un outil d’éducation

Plus de 1400 entreprises suisses ont déjà utilisé l’outil d’évaluation. « Les entreprises de demain seront forcément des BCorp, si l’on veut répondre aux enjeux globaux et locaux, assure le directeur de B Lab (Suisse). Je l’assène dans toutes mes interventions et pour tout le monde c’est une évidence. Les Millénials, ceux qui ont entre 25 et 40 ans, aspirent à des entreprises qui sont responsable dans leur pratique de gestion tout comme dans leurs activités, ils valorisent les objectifs liés au développement durable, notamment dans leur manière de consommer, en privilégiant des produits bien faits sur l’ensemble des dimensions. »

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