À la rencontre des forces invisibles

Pas besoin de se rendre en Irlande ou en Bretagne pour trouver des lieux sacrés. La Suisse romande regorge de pierres levées et d’autres témoignages anciens. Ce patrimoine cultuel est l’occasion d’entrer en résonance avec l’invisible et d’expérimenter le sacré.

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La Pierre de la Paix. Sur le plateau du Chasseron repose la Pierre de la Paix, gravée des symboles des religions du monde et du signe mathématique de l’infini.

Sur le balcon du Jura, entre Vuitebœuf et Sainte-Croix, un chemin serpente le long de l’Arnon puis s’enfonce dans les gorges de Covatannaz. Le Sentier des Energies fait partie des jolies balades proposées par l’Office du tourisme, mais c’est à Françoise Ernst que l’on doit la résurrection de cet ancien chemin de procession. Cette naturopathe à la retraite ressent physiquement les énergies émanant de la Terre. « Les forces telluriques sont particulièrement présentes sur ce sentier, explique-t-elle. C’est en trébuchant sur une vieille racine que je me suis retrouvée face à ce gros bloc de pierre. En me relevant, j’ai senti quelque chose sous l’épaisse couche de mousse. En grattant, j’ai découvert une vieille inscription gravée dans la pierre : ‘ Dieu vous aime ’. Des fourmillements parcouraient mes mains et mes pieds. J’ai fait venir une équipe de géobiologues allemands pour les quantifier et les résultats ont été probants. » En entendant parler de sa découverte, des anciens se sont rappelés qu’autrefois ils venaient se recueillir ici. « En restant une douzaine de minutes face à la pierre, on parvient vraiment à se recharger », explique Françoise. Mais l’endroit le plus intéressant se trouve un peu plus haut sur le massif du Chasseron. La Pierre de la Paix, un bloc gravé, indique l’endroit précis où l’énergie est la plus intense. « Le Dr Preiss et son équipe de géobiologues ont confirmé mon ressenti. » L’endroit se trouve au croisement de trois courants telluriques et apporterait sérénité et vitalité. Pour bénéficier de ce bain d’énergie, il faut venir s’asseoir sur la pierre et perce-voir ce qui se passe dans son corps. « Ici, la Terre envoie une énergie positive, propice à la méditation. C’est important de bien respecter ce lieu, car ce sont vraiment des messages de paix qu’elle émet », souligne Françoise. En tout cas, le panorama suffit déjà à nous ragaillardir.

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Paix intérieure. Françoise Ernst, comme beaucoup de visiteurs, ressent une grande paix intérieure en venant méditer sur ce lieu, mais également quelques symptômes physiques : chaleur sous la plante des pieds, fourmillements, ou vision intense des couleurs.

Des balades spirituelles

Ces balades « spirituelles » trouvent un public de plus en plus nombreux si l’on en juge les 7 ’000 exemplaires vendus en six mois du Guide des hauts lieux vibratoires de Suisse romande. Son auteure, Joëlle Chautems, propose dix-sept promenades vers des lieux sacrés situés en pleine nature. Egalement géobiologue, elle travaille sur les énergies de la Terre et leur influence sur nos corps. Le plus souvent, elle intervient dans les habitats, pour déceler l’origine des perturbations perçues par les occupants. A l’aide de quelques outils, elle révèle la présence de failles, de croisements de cours d’eau et procède au rééquilibrage de l’habitat. Elle parvient aussi à localiser une source sur un terrain, comme le font les sourciers et autres radiesthésistes.

Des expériences corporelles

« En Suisse romande, les populations ont laissé un riche témoignage, explique-t-elle. Les pierres mentionnées dans mon livre sont toutes posées sur des croisements de réseaux telluriques. A ces endroits, l’énergie provenant de la Terre est bien plus concentrée. » Pour développer sa sensibilité, Joëlle fournit quelques conseils : « Avant tout, il faut apprendre à être à l’écoute de soi et faire confiance à son ressenti. Les quelques minutes de marche jusqu’à la pierre permettent cette prise de contact : sentir l’humus, le vent sur le visage, écouter le chant d’un oiseau, le bruit d’un feuillage, regarder la lumière au travers des branchages… Bref, écouter ce qui se passe dans son corps et lâcher le mental. Devant certaines pierres, on perçoit une vibration qui monte dans le corps. Cela peut commencer par des fourmillements dans les pieds, explique-t-elle. Mais plus on sera dans la conscience et plus le lieu aura un impact sur nous. » Ainsi, à l’Ermitage de la Madeleine, Joëlle perçoit une « ouverture du cœur » alors qu’à la Pierre du Mariage, près d’Estavayer-le-Lac, c’est plutôt un sentiment d’unité qui la traverse. Les esprits cartésiens peuvent parfois être chahutés. « Je n’ai besoin de convaincre personne, et je respecte ceux qui n’ont pas envie de s’ouvrir à cela. Ils se contenteront de faire une jolie promenade. » Pour Joëlle, en revanche, les lieux sacrés permettent de se régénérer ou au moins d’éclaircir ses idées. Dernier lieu, dernière rencontre avec Stéphane Cardinaux, géobiologue dans la région de Lausanne. Diplômé d’architecture à l’EPFL, il s’est passionné pour l’étude des phénomènes telluriques et leur impact sur les êtres vivants. Clair-voyant, il est capable de visualiser les systèmes énergétiques. Il connaît plus de deux mille lieux sacrés disséminés en Europe, dont certains sont décryptés dans ses ouvrages Géométries sacrées.

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La Pierre à Phébou. Le culte des pierres a perduré jusqu’à l’arrivée des Romains. Ensuite, ces lieux ont été récupérés pour construire des temples ou des églises.

La Pierre à Phébou

C’est dans la forêt du Marchairuz, à côté de Burtigny, qu’il a choisi de nous emmener pour découvrir la Pierre à Phébou, un des nombreux blocs erratiques du canton de Vaud. Cette pierre a la particularité d’être gravée de petites cupules, sans doute creusées entre 4 000 et 2 000 av. J.-C. « La vénération des pierres est très ancienne, explique Stéphane Cardinaux. Les chasseurs-cueilleurs venus s’installer sur ces plateaux, vers – 1 500, pratiquaient le culte des pierres et déposaient des offrandes pour remercier les divinités païennes après une bonne cueillette ou une chasse fructueuse. D’autres pierres étaient plutôt utilisées pour se soigner. » La Pierre à Phébou est posée sur un croisement du réseau Hartmann. Ce réseau est une sorte de quadrillage qui suit parfaitement la géologie du terrain. « La plupart des lieux sacrés sont posés sur des croisements de lignes, là où l’énergie est la plus forte, explique Stéphane Cardinaux. Avec des appareils comme le sonotest, je mets en évidence ces lignes ; mais moi, je n’en ai plus besoin car je les vois et je les sens. Cette pierre possède une cheminée cosmo-tellurique que je vois bleue et un vortex que je vois jaune. En vous asseyant dessus une quinzaine de minutes, vous pouvez rééquilibrer vos méridiens. » Chacun peut faire l’expérience des hauts lieux vibratoires. Peut-être ne sentirez-vous pas les fourmillements… mais un sentiment de paix intérieure pourrait bien vous envahir après avoir embrassé du regard la nature qui vous entoure.

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