La Suisse, championne de l’innovation

Les turbulences qui affectent le secteur financier et bancaire suisse (et encore, pas tous les établissements, on a aussi tendance à l’oublier), dans un climat économique de surcroît incertain, voire morose, peuvent donner le sentiment au citoyen suisse que « tout fout le camp »… Et pourtant ! Qui sait que le très sérieux tableau de bord européen de l’innovation (Innovation Union Scoreboard1 – IUS) qui mesure et compare de très nombreux critères de recherche pour l’ensemble des pays d’Europe a qualifié la Suisse de « innovation leader », et l’a placée devant les pays européens les plus performants tels que l’Allemagne ou la Suède ? Et que notre pays, loin de pratiquer la monoculture des services financiers, réalise plus de 50 % de ses exportations dans la mécanique, l’électrotechnique et la chimie, secteurs où la créativité et l’innovation sont des nécessités quotidiennes de survie. C’est dire que, au-delà des inventions mythiques du velcro, du cellophane ou de la brosse à dents, nos industries continuent à innover, inventer et vendre.

Les passerelles mises en place entre les Hautes Ecoles et le monde des entreprises produisent également des résultats ébouriffants, comme en témoigne par exemple le succès de Doodle : dix millions d’utilisateurs (plus que la population du pays !), c’est un chiffre éloquent.

La Suisse se montre innovante dans des secteurs plus traditionnels également, comme la viticulture où sont remis en valeur quarante cépages indigènes peu connus, ou l’exportation de nouveaux produits laitiers, ou encore… la boîte à musique. D’ailleurs, le label suisse, le « Swiss made », a aujourd’hui une valeur chiffrée puisque, selon une étude2 de l’Université de Saint-Gall, ce label apporte une plus-value de 20 % en moyenne au prix d’un produit. C’est énorme !

Les pouvoirs publics jouent également leur rôle dans cet effort national de maintien et de renouvellement de la capacité d’innovation et d’exportation de notre pays, comme en témoignent l’existence et l’activité de la (peu connue) Commission fédérale pour la technologie et l’innovation3 (CTI) qui a financé rien moins que 340 projets en 2010, ou encore le Geneva Creativity Center4. Enfin, la Suisse est aussi leader dans des projets ambitieux et futuristes, notamment le fascinant Blue Brain Project5 de l’EPFL visant à percer les mystères de l’architecture complexe du cerveau.

Dans le dossier que vous découvrirez dans ce numéro, notre propos n’est pas de donner dans l’autosatisfaction complaisante et béate, mais bien de rappeler, avec des exemples concrets et des faits à l’appui, que la Suisse reste une terre d’esprit d’entreprise (99 % des entreprises y sont des PME de moins de 250 employés), d’innovation et d’ingéniosité… Il nous appartient dès lors de tout faire pour que cet élan remarquable ne s’interrompe pas. Et de soigner ce véritable trésor.

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Edito Innovation